Au seuil de la semaine sainte, je suis heureuse de vous recopier le commentaire de cette icône fait par Mère Agnès Mariam de la Croix, prieure du monastère de Qâra (que nous avons rencontrée):
"Titres en arabe : la Cène mystique et la vénérable crucifixion.
"Dédicace en arabe, sur le devant de la table : "a constitué waqf cette icône bénite... en l'année 1778 de l'ère chrétienne".
"Déjà célèbre, cette icône l'est devenue plus encore depuis qu'elle a été volée puis retrouvée et rendue au sanctuaire. Elle comporte deux registres et est à lire de bas en haut.
Sur le registre inférieur : la sainte Cène. Le Christ préside, assis sur un trône, revêtu d'or ; il serre contre sa poitrine saint Jean le Bien-Aimé, représenté comme un jeune homme imberbe. Les autres apôtres, à commencer par Pierre, à Gauche, sont assis autour d'une table semi-circulaire qui ressemble étonnament au fameux autel pré-constantinien de l'église des Saints-Serge-et-Bachus de Maalula. Judas est reconnaissable au fait qu'il est représenté de profil, en train de plonger la main dans le plat, conformèment à la parole du psaume: "celui qui mange dans mon plat a levé contre moi le talon" (Ps 41,10 ; Jn 13,18).
Sur le registre supérieur : la Crucifixion. Au centre, le Christ a rendu l'esprit sur la croix. De son côté transpercé, jaillit un flot de sang et d'eau. La Croix est plantée sur le traditionnel monticule dans lequel s'ouvre une grotte contenant un crâne, personnification littérale du Golgotha, ou "lieu du crâne", ce crâne étant, d'après les Pères de l'Eglsie, celui d'Adam que Jésus est venu vivifier par son sang. A gauche, la Vierge Marie et une sainte femme, désignée en arabe au pluriel ("les femmes") ; à droite, saint Jean le Bien-Aimé. Les mains de ces trois personnages, levées vers le Christ, expriment la douleur et la compassion. Les murs de Jérusalem ne sont pas représentés.
Le style est "local", quasi naïf. Il se distingue, au niveau des visages, par des lignes presque noires sur un fond clair ; au niveau des draperies, par un rendu carectéristique à travers un contraste entre les clairs et les obscurs ainsi que par des traits plus foncés sur des aplats d'une seule couleur. La palette tourne autour du bleu et du rouge avec des plages de rose et d'ocre.
Pour donner un visage à ce peintre, nous l'avons appelé le Maître de la Cène de Maalula, en considérant que la célébrité de l'icône et de son emplacement justifient ce nom."
Que le mystère ici représenté nous vivifie à nouveau!
Belle semaine sainte, beau renouvellement pascal,
Je vous redis mon amitié,
Anne-Marie
Ci-joint, une photo de cette icône prise au cours d'un précédent voyage oecuménique (avec les orthodoses et syriaques de notre département)... L'interdiction de photographier ne nous avait pas été donnée! Par contre les inévitables reflets ne permettent pas de regarder et de nous laisser regarder par cette icône: sortez alors vos cartes postales! (NB. Si quelqu'une ou quelqu'un avait décidé de scanner ses cartes (icônes, mosaïques...), j'en bénéficierais volontiers).