Histoire de la paroisse Notre Dame de Plaisance de 1847 ŕ 1899

Article paru dans l'Echo de Plaisance en avril 1899

LA PAROISSE NOTRE-DAME DE PLAISANCE


     Le quartier de Plaisance où s'élève aujourd'hui la paroisse de Notre Dame de Plaisance, était jadis un hameau faisant partie de la commune de Vaugirard. Un modeste chapelle desservie par les vicaires de Vaugirard s'élevait au milieu des jardins dans la rue Saint Médard, aujourd'hui rue du Texel et servait de lieu de culte à une population d'environ 2000 âmes. L'enceinte de Paris s'arrêtait alors à la chaussée du Laine et les maisons du hameau étaient éparpillées au milieu des champs de blé.
     C'est en mars 1848 que l'archevêque de Paris décida de donner à Plaisance un service religieux autonome et érigea en paroisse la chapelle de secours de la rue .Saint Médard sous le vocable Notre Dame de l'Assomption.) Mr HUGONY en fut nommé le premier curé et, en septembre 1849 le pouvoir civil confirmait par décret du président de la République l'ordonnance de l'archevêque. Le territoire de la nouvelle paroisse fut délimité :
     1 par le chemin des Fourneaux jusqu'à la croix du chemin des boeufs. (rue Castagnary XV)
     2 par le Chemin des boeufs jusqu'à la rue de Vanves.
     3 enfin par la rue de Vanves et la chaussée du Maine jusqu'à la barrière du Maine.
     Le Conseil de fabrique de la nouvelle Paroisse se mit vaillamment à l'oeuvre. Tout était à faire. Le budget qui aujourd'hui (avril 1899) atteint plus de 46 000 fr fut la première année de 2 940 fr Aussi faut-il attendre jusqu'en 1841 pour voir l'église Notre Dame de l'Assomption dotée d'un poêle.
     Plusieurs délibérations du Conseil de Fabrique furent absorbées par cette grave affaire. Il s'agissait d'empêcher l'orgue de se détériorer ainsi que la décoration de l'autel et de permettre aux personnes délicates et aux enfants des catéchismes de venir à l'église pendant l'hiver.
     En 1852 la population atteignait 3.500 âmes ... Le curé ne suffit plus aux services multiples de la paroisse. Ne pouvant encore lui donner un vicaire, on lui accorde un prêtre auxiliaire.
     En 1853, le Conseil de Fabrique signale déjà 7.000 âmes; aussi, à partir de ce jour la grande préoccupation des Fabriciens, du Conseil Municipal et du Curé est-elle la construction d'une église plus saine et plus spacieuse.
     En 1854 un vicaire est enfin accordé, c'est l'abbé Brugerolles que plusieurs d'entre nous ont connu, car il est resté 20 ans vicaire de la paroisse.
     En 1857, on loue avec promesse de vente les jardins de m. Thuvin, mitoyens avec l'église et on y construit la grande nef dont nous donnons un croquis ailleurs. A cette époque la paroisse compte 10.000 âmes.
     En 1860 l'enceinte de Paris est reculée jusqu'à Malakoff et la paroisse se trouve ainsi annexé à la ville de Paris. Elle prend alors le nom de Notre Dame de Plaisance.
     En 1865 l'abbé Blondeau, nouveau Curé, fait construire à ses frais, la chapelle des catéchismes et la chapelle de la Ste Vierge.
     La même année l'Empereur Napoléon III donne à l'église la cloche de Sébastopol; Le baptême en est fait le 14 juin. Le prince impérial et l'Impératrice Eugénie étaient parrain et marraines (M. l'abbé Blondeau, est décoré à cette occasion) ; Ils étaient accompagnés par le général de Goyon aide de camp de Napoléon III; le marquis de Castelbajac, écuyer, le baron Morio de Lisle, préfet du Palais; Mmes de Lourmel et de Saulcy, dames du Palais. Pour la circonstance, l'humble église avait été décorée, par les soins du Garde meuble de paisseries et de tentures en velours rouge, rehaussées de broderies et de crépines d'or. A leur arrivée, Napoléon III, l'Impératrice Eugénie et le Prince Impérial furent reçus au seuil de l'église par l'archevêque de Paris, Monseigneur Darboy, grand aumônier, qui procède aux cérémonies liturgiques du Baptême.
     Pour recevoir l'Empereur, l'Impératrice, le Prince impérial et leur nombreuse suite, la rue avait été couverte d'une immense tente qui formait vestibule à la modeste église. Voici le texte de l'inscription gravée sur la cloche :
     "Taurica me genuit; cepit me Gaina victrix; me vocit natus Coesaris ipse Deo et nunc, christicolis solemnes nuntio coetus, ortu, conjuio funere, cuique sonans."
     En souvenir de cette cérémonie, l'empereur envoya à l'église Notre Dame de Plaisance de magnifiques ornements en drap d'or brodé qui servent encore aux jours de fête.
     En 1871 Monsieur le Curé Blondeau est arrêté au confessionnal le ler avril, veille du dimanche des Rameaux, à 9 heures du soir, par le sieur Bertin, commissaire de sôreté, et détenu, en qualité d'otage, à la Préfecture jusqu'au 15 avril, jour où il a été transféré en la même qualité, à la prison de Mazas. Il en providentiellement le 5 mai suivant. Pendant ce temps on avait posé trois fois les scellés au presbytère fracturé et pillé les troncs de l'église et pendant un mois, l'église désaffectée, servit de club. Pendant ce temps, l'abbé Roux, vicaire, allait la nuit, sous un déguisement baptiser les enfants à domicile et administrer les malades.
     En 1872 le Pape Pie IX envoya un nombre considérable d'ornements et vases sacrés aux églises qui avaient le plus souffert des deux sièges. Notre Dame de Plaisance reçut un calice en vermeil enrichi de turquoises, une très belle chasuble blanche, une aube et différents objets. Nul don ne pouvait venir plus à propos, car la paroisse avait beaucoup souffert des évènements de 1870-71.
     En 1877 le 21 juillet, l'abbé Blondeau mourait, laissant derrière lui un souvenir que les années n'ont pas encore pu effacer.
     Le 11 septembre il est remplacé par l'abbé Rossignol.
     Le souvenir des successeurs de M. Rossignol, décédé à la cure de Saint Jean Baptiste de Belleville, est encore vivant dans tous les coeurs.
     M. l'abbé Quignard qui lui a succédé en 1877 fit construire la belle école des Frères. Il est aujourd'hui curé de Saint Louis d'Antin.
     M. l'abbé Bouche ne passa que trois ans à Plaisance. La mort l'enleva au moment où il allait signer l'achat des terrains de la rue Schoner pour agrandir l'église. (Rue J. Guesde)
    
     Il était réservé à M. l'abbé Grenier, par la suite curé de Saint Jacques du Haut Pas, de commencer l'oeuvre désirée, depuis si longtemps, de la construction d'une nouvelle église qui bientôt dépassa 100.000 fr; il acheta un terrain jadis occupé par un orphelinat et commença les fondations de la nouvelle église.
     Avril 1899 L’Echo de Plaisance.

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mise a jour le 07/02/2008