"HISTOIRE DE LA CONSTRUCTION DE L’EGLISE NOTRE DAME DU TRAVAIL "

    

L’histoire à travers les p.v. du Conseil de Fabrique

     Nous avons de bonnes informations sur le déroulement de la construction de l’église grâce aux comptes rendus du conseil de fabrique de la paroisse de Notre Dame de Plaisance. Dans les larges extraits de ces comptes rendu le point majeur est évidemment la question du financement de l’achat des terrains et de la construction. Ce financement provenant de dons et de souscriptions il est important de considérer qu’il ne s’est pas réalisé du jour au lendemain et les étapes de la construction ont été soumises à l’arrivé des sommes nécessaires. Le manque de financement pendant les premières années de la construction a amené les constructeurs à modifier progressivement les plans et le choix matériaux de réalisation. La lecture de ces procès verbaux du Conseil de Fabrique donne une autre vue que la description romantique du projet d’une église rappelant aux ouvriers leurs milieux de travail.
     Une autre difficulté provenait aussi des autorisations administratives à obtenir. Ces autorisations étaient soumises à l’existence de la disponibilité des sommes nécessaires à la réalisation d’étapes significatives dans les travaux.
     Cette transcription des comptes rendus du Conseil de Fabrique a pour but de réunir des documents à la disposition des historiens de NDT qui ne trouveront pas les originaux dans les archives de la paroisse. En 1905 le conseil de Fabrique ayant été dissous par l’Etat, les cahiers de comptes-rendus ont été transportés aux archives nationales.

Fabrique 25 avril 1896

     …M. le curé, persévérant dans son œuvre d’édification d’une nouvelle église, est félicité et encouragé par les membres de la fabrique.
     En mai 1896 M Grenier a été nommé curé de St Jacques du Haut Pas ; c’est M. Soulange-Bodin qui le remplace à la cure de Notre Dame de Plaisance. L’installation a lieu le mercredi 17 juin 1896.

Fabrique 6 septembre 1896

     M. Grenier, curé de St Jacques du Haut-pas, propose de faire don à la fabrique de ND de Plaisance d’un terrain sis rue Vercingétorix 59 et lui appartenant, destiné à la construction d’une nouvelle église.
     M. Soulange-Bodin, curé de N.D. de Plaisance, s’engage à en payer les droits de mutation.
     En conséquence, il propose au conseil de Fabrique de demander au conseil d’Etat l’autorisation d’accepter ce don. Après quelques explications échangées entre les membres du conseil, la proposition mise aux voix a été adoptée, et le conseil tout entier adresse ses remerciements les plus chaleureux à M. le curé Grenier.
     Après ce vote, M. le Président expose la nécessité pour la Fabrique d’acquérir un terrain sis rue Guilleminot 34, 36, 38, 40, appartenant à M. Guespin qui s’engage à le céder au prix de 50000francs, en faveur de la Fabrique. Ce terrain complèterait le don fait par M. Grenier, en servant aux dégagements de la future église.
     M. le Président donne lecture de cette promesse de vente et la promesse faite par M. Soulange-Bodin, curé de N.D. de Plaisance, de fournir à la Fabrique de la dite église la somme nécessaire à cette acquisition. En conséquence il propose au conseil de Fabrique de demander au Conseil d’Etat l’autorisation de faire cette acquisition.
     La proposition mise aux voix est, comme la première, adoptée à l’unanimité, et, le conseil tout entier associe dans un même sentiment de reconnaissance M. Grenier et M. Soulange-Bodin nos généreux donateurs.

Fabrique 8 Octobre 1896

     Point sur l’aspect administratif (notaire et conseil d’Etat).

Fabrique 9 juin 1897

     Ce conseil est fait en présence de l’abbé Lapalme, vice chancelier de l’Archevêché c’est pourquoi il résume les motivations et le déroulement de l’affaire.
     Après avoir ouvert la séance, M. le Président du Conseil fait connaître que la présente réunion a pour objet le projet de construction de la future église paroissiale, et il résume comme il suit, les faits qui se rattachent à cette importante question.
     Depuis longtemps, la population catholique du quartier de Plaisance se plain à bon droit de l’insuffisance notoire de l’édifice actuellement consacré à l’exercice public du culte rue du Texel n°9.
     Vivement ému de cet état de choses que l’accroissement de la population ouvrière de ce quartier ne fait que rendre plus difficile M. l’abbé Grenier, alors curé de l’église de Plaisance, fit, à titre personnel, avec l’intention bien connue d’y jeter les fondements d’une novelle église paroissiale, l’acquisition d’un terrain sis rue Vercingétorix n° 59. Il y fit même élever des substructions assez importantes et, quand il dut quitter la paroisse de N.D. de Plaisance, pour prendre la direction de celle de St Jacques du Haut-Pas, par un acte notarié du 21 octobre 1896, il fit donation du dit terrain, avec les constructions et substructions qui s’y trouvent, à la Fabrique de N.D. de Plaisance. M. le Président rappelle que la Fabrique a accepté cette donation par délibération en date du 6 septembre 1896. Mais l’un des membres du Conseil, M. Degouy croit devoir exprimer le regret que l’emplacement de l’église actuelle ne soit pas conservé dans le projet de construction de la future église, et il fait observer que la donation de M. l’abbé Grenier ne stipule pas positivement que le terrain doit être affecté à l’édification d’une église paroissiale.
     M. Demay adjoint au maire du XIV° A. déclare que la Fabrique n’avait pas à imposer ses préférences, si elle en avait eu, à un donateur particulier, qu’elle était seulement libre d’accepter ou de refuser l’offre qui lui était faite, que d’ailleurs elle avait formellement exprimé son sentiment dans la délibération précitée du 6 septembre 1896 et quant à l’affectation exclusivement paroissiale du terrain dont il s’agit, qu’il n’y avait pas à avoir la moindre hésitation sur la vraie pensée du donateur et sur le but qu’il se proposait.
     Aussi, pour ne laisser aucun doute sur le sentiment du Conseil au sujet de cette première partie de l’affaire M. le Curé demande au Conseil de confirmer par un vote définitif l’acceptation précédemment faite de la donation Grenier, en y ajoutant comme condition formelle : que le Conseil n’entend accepter cette donation qu’en vue de la consacrer à la construction d’une église devant servir à perpétuité à l’exercice du Culte Catholique, en remplacement de l’église actuelle den N.D. de Plaisance.
     Cette proposition mise aux voix est adoptée à l’unanimité moins une voix, celle M. Degouy.
     M. le Président du Conseil, reprenant l’exposé de la question, fait remarquer au Conseil, que la superficie du terrain donné par M. l’abbé Grenier n’atteint qu’environ 1500m. Elle ne comporterait donc qu’une église de médiocre importance qui ne tarderait pas à ne plus être en rapport avec les besoins religieux d’un quartier qui se développe chaque jour, comme le remarque M. l’Adjoint lui-même.
     De plus, réduite aux proportions exigüe du terrain donné la nouvelle église serait enclavée par les immeubles voisins sans autre issue, ni dégagements, que sur la rue Vercingétorix, ce qui constituerait, notamment aux jours de fête, un inconvénient fâcheux pour une agglomération de nombreux fidèle. Enfin, Dans ces conditions, il devenait impossible, de songer à y adjoindre les dépendances naturelles d’une église paroissiale : tel que le presbytère, Chapelle des catéchismes.
     Ces motifs déterminèrent le Conseil de Fabrique à entrer en pourparlers, par l’intermédiaire de M. le Curé, avec M. Guespin propriétaire de terrain comprenant les n°34-36-38-40 de la rue Guilleminot et complétant avantageusement l’immeuble de M. l’abbé Grenier.
     M. Guespin s’engagerait, par une promesse de vente, dont il est donné lecture, à céder ses terrains à la Fabrique au prix de 50000francs.
     Pour faire face à cette acquisition, M. le Président fait savoir que M. le curé met à la disposition de M. le Trésorier la somme de 30054francs40centimes, montant d’offrandes volontaires recueillies par lui pour la construction de la nouvelle église paroissiale.
     De plus, M. l’abbé Soulange-Bodin déclare s’engager, au défaut d’autres ressources exceptionnelles, à fournir à la Fabrique de N.D. de Plaisance, la somme nécessaire à l’acquisition du terrain dont il s’agit.
     En conséquence, cette acquisition ne pouvant qu’être avantageuse à l’entreprise que la Fabrique se propose de mener à bonne fin, M. le Président du Conseil soumet au vote du Conseil le projet d’acquisition, dont il y a lieu d’obtenir l’autorisation administrative.
     Cette nouvelle proposition mise aux voix est adoptée par tous les membres présents avec la condition formellement exprimée que l’acquisition du terrain sis rue Guilleminot sera destiné, tant à la construction de l’église paroissiale qu’à celle d’un presbytère et d’une chapelle des catéchismes.
     M. le Président invite ensuite le Conseil à se prononcer sur l’acceptation des plans et devis de l’église paroissiale et de ses dépendances.
     D’après le plan d’ensemble et les devis estimatifs dressés par M. ASTRUC, architecte, l’exécution complète du projet soumis à la délibération de la Fabrique l’élèverait à la somme de 787500francs.
     M. le Curé fait observer que l’architecte se propose de procéder par parties séparément exécutables et dont l’ensemble sera au préalable, soumis à l’approbation des autorités compétentes.
     En présence d’une entreprise aussi importante, plusieurs membres du Conseil, regardent comme un devoir de prudente et sage administration, de faire certaines réserves au sujet de l’exécution des travaux qui lui sont soumis.
     Il est évident pour tous, que si le Conseil de Fabrique de N.D. de Plaisance ne devait disposer que des ressources ordinaires, lesquelles sont déjà insuffisantes à payer les dépenses régulières du culte, et qui n’y parviennent qu’au moyen des subventions des Pompes funèbres, il lui serait impossible de donner suite à un pareil projet.
     Il doit donc refuser formellement de s’engager à satisfaire les obligations qui en peuvent résulter, avec les ressources dont il dispose habituellement.
     Mais la souscription déjà provoquée par le zèle de M. le curé ne peut manquer de faire confier au trésorier des fonds à destination spéciale de la construction de l’église et de ses dépendances : dès lors, il semble que le Conseil ne saurait hésiter à prendre l’engagement de faire exécuter par parties séparées, le projet qui lui est présenté, et au fur et à mesure que ses ressources exceptionnelles le lui permettront, et lorsque le trésorier aura en caisse la somme que, d’après le devis, chaque partie devra coûter.
     Sur la proposition de M. le Président, le conseil se rallie entièrement aux sages observations qui viennent d’être exprimées et, sous le bénéfice des réserves qu’elles renferment, sont adoptés à l’unanimité les plans et devis dressés par M. Astruc, exécutables par parties et qui devront être présentés à l’agrément des autorités administratives compétentes.
     Il est également convenu, en conséquence des résolutions qui précèdent qu’à l’avenir, les offrandes et souscriptions seront versées entre les mains de M. le Trésorier qui devra en faire état à un article spécial sur le budget extraordinaire des recettes de chaque exercice. Toutefois, sur la demande de M. le Curé, le Conseil décide qu’il sera désormais ouvert au budget extraordinaire de dépenses, un crédit spécial pour les frais nécessaires de publicité et autres dépenses relatives à la construction de la future église, et dont le montant sera régulièrement soumis à l’approbation de l’autorité diocésaine.
     Enfin, pour compléter dès maintenant l’instruction de l’importante affaire dont il s’agit, M. le Président invite le Conseil à solliciter des pouvoirs publics l’exercice du culte catholique dans la nouvelle église paroissiale lorsque l’état des travaux permettra de l’ouvrir aux fidèles, et aussi la translation à cette église du titre de succursale actuellement affecté à l’édifice religieux de la rue du Texel. Le Conseil déclare adopter pleinement ce sentiment et, en conséquence, charge le Trésorier de la Fabrique de N.D. de Plaisance de faire toute diligence auprès des autorités religieuses et civiles à l’effet d’obtenir :
     I – L’autorisation a) d’accepter, aux clauses et conditions susvisées, le terrain avec les substructions qui s’y trouvent, donné à la Fabrique par M. l’abbé Grenier b) d’acquérir, au fins et moyens également indiqués ci-dessus, de M. Guespin propriétaire, un terrain situé rue Guilleminot c) de faire exécuter, dans les conditions et sous les réserves énoncées par le conseil, les travaux de construction d’après les plans et devis estimatifs dressés par M. Astruc, architecte.
     II – L’exercice public du culte catholique dans la nouvelle église paroissiale et la translation à cette église du titre de succursale actuellement affecté à l’édifice religieux de la rue du Texel.
    

Fabrique 28 octobre 1897

     …..
     M. le Curé nous donne ensuite quelques détails sur les projets futurs relatifs à la nouvelle église.
     Les dépenses faites pendant la campagne dernière ont été de 51123francs96centimes. Maintenant toutes les fondations sont terminées et payées. Une somme de 120000francs a été consacré aux substructions et le total dépensé jusqu’à ce jour se monte à la somme de 285120francs.
     Comment s’ouvrira la prochaine campagne et par quelle série de travaux commencera-t-on l’église, tours, piliers, nef ?
     Tout n’est encore qu’à l’état de projet. De toute façon ce ne sera que lorsque on aura d’avance en caisse la somme nécessaire à l’exécution d’une partie du plan dressé par l’architecte et soumis aux autorités administratives.
     Pour cela il faudra beaucoup d’argent, et, pour obtenir cet argent, il faut beaucoup de publicité. Aussi, M. le curé demande-t-il l’autorisation de prélever sur les futures recettes la somme de 5000fr pour la réalisation de tout son programme de publicité : prospectus, agendas, brochures. Ce crédit lui a été accordé à l’unanimité.
    

Fabrique 3 février 1898

     … M. le curé nous parle de la demande adressé au conseil d’Etat à propos des travaux de la future église. A cet égard, rien de nouveau ni d’intéressant. Il est cependant hors de doute qu’on ne pourra commencer une autre portion de travaux qu’après devis bien détaillé et garantie de possession d’argent équivalente à la série d’ouvrage à entreprendre.
     … M. le curé nous fait espérer pour Pâques, la statue de N.D. du Travail offerte par les principaux exposants de la future exposition universelle de 1900. La place assignée à cette statue serait derrière le Maître -Autel. Pour cette installation, il sera nécessaire de déplacer le tableau de l’Assomption de la Ste Vierge auquel on attribuerait un nouvel emplacement digne du sujet. Ne pourrait-on pas propose mm. Plessis et Degoux, faire une entaille au mu derrière le maître autel et au besoin prendre sur les placards de la Sacristie ; de cette façon, on éviterait l’avancement du maitre autel, avancement qui aurait l’inconvénient de diminuer encore l’espace déjà si restreint pour les cérémonies du culte.
     … (Longue page sur les ressources ordinaires de la paroisse)
    

Fabrique 21 septembre 1898

     M. le Président nous donne communication d’une lettre qu’il a reçue du sous-préfet de la Seine en date du 8 aout 1898, relative à la nouvelle église en construction.
     La voici reproduite dans toute son importante intégrité.
     M. le Président,
     La Fabrique de la paroisse de N.D. de Plaisance est actuellement en instance pour obtenir l’autorisation de faire construire une novelle église rue Guilleminot et rue Vercingétorix, d’après des plans et devis qui ont été communiqués à mon administration.
     Ces plans et devis ont été soumis au point de vue technique à l’examen du conseil des travaux d’architecture et ont donné lieu de sa part aux observations que vous trouverez formulées dans la délibération et le rapport dont copies sont ci-jointes.
     J’ai l’honneur en vous transmettant ces pièces de vous prier de vouloir bien inviter l’architecte de la fabrique à modifier son projet primitif, de manière à tenir comte, tout au moins dans toutes les parties essentielles des observations techniques qui ont été faites.
     A cet effet, je vous retourne les plans et devis dont il s’agit en vous informant que, dès qu’ils auront été remaniés dans le sens indiqué, l’affaire pourra être transmise à l’autorité supérieure en vue du décret à intervenir.
     Je crois devoir en même temps vous faire savoir que dans sa séance du 7 juillet 1898 le Conseil municipal a émis un avis favorable quant au principe même de l’opération consistant dans l’acceptation par la fabrique de la donation de M. l’abbé Grenier et dans l’acquisition à titre onéreux des terrains contigües à ceux compris en ladite donation, ainsi que dans le transfert ultérieur du titre de succursale à la nouvelle église projetée. Mais par la même délibération le conseil municipal a stipulé formellement d’une part, que l’église actuelle serait alors désaffectée pour rentrer dans le domaine libre de la Ville de Paris et que cette dernière ne pourrait à aucun moment et à aucun titre être appelée à participer aux frais de construction de la nouvelle église.
    
     Les modifications au plan primitif de l’architecte de la future église, demandées par le Conseil des travaux d’architecture se résument en somme en trois points :
     1°) ne pas construire la façade de l’église sans construire en même temps les nefs ; car alors, sans cela, ces nefs ne faisant pas corps avec la façade pourraient manquer de solidité.
     2°) Au point de vue de la mitoyenneté, établir entre l’église et les maisons voisines un passage. Ce passage, du reste, dans ce cas, pourrait être vitré et servirait aux dégagements de l’église.
     3°) En troisième lieu, le Conseil des Travaux blâme la construction du presbytère faisant corps avec l’église et s’élevant au dessus de la sacristie sur la rue Guilleminot.
    
     L’architecte de la fabrique va donc se mettre à l’œuvre demandée, remanier ses plans, et donnant satisfaction à l’Administration sur les 2 premiers points les plus essentiels, il espère avoir gain de cause sur le troisième.
     Dans ce cas, le conseil d’Etat pourra être saisi de l’affaire qui passerait ensuite au ministère des cultes. Il faut espérer une prompte solution de cette question, car il ne reste plus qu’une année pour conclure l’achat du terrain de la rue Guilleminot, et si cette question n’était pas vidée, il y aurait alors nécessité d’aviser à d’autres combinaisons.
     Quant à ce qui existe de l’église en construction, aux fondations déjà faites, il fallait à l’approche de l’hiver les mettre à l’abri de tout dégât. C’était urgent.
     La somme nécessaire pour terminer ces travaux était relativement importante, et ce qui restait en caisse était insuffisant. M. le curé s’adressa alors aux entrepreneurs qui voulurent bien consentir à se contenter des acomptes provenant des souscriptions mensuelles. Les travaux furent donc entrepris et seront menés à bonne fin. Le Conseil de fabrique appréciant cette urgente nécessité, approuve à l’unanimité la détermination de M. le curé.
    

Fabrique 29 novembre 1898

     La crypte de la future église étant terminée et disponible, les enfants des catéchismes peuvent s’y réunir.

Fabrique 13 février 1899

     Parlons un peu de notre future église.
     La crypte est terminée et aménagée ; il y a un gardien qui pour son logement s’occupe de l’entretien du chauffage. Voilà pour le présent. Et quant à l’avenir, M. le curé ne nous dissimule pas que grandes sont les difficultés pour réaliser dans un bref délai l’achèvement de cette église.
     Rappelons-nous que le devis projeté est de 750000francs, or avec des souscriptions annuelles d’environ 10000fr c’est donc dans 75 ans que pourrait se faire la réalisation complète.
     Devant cette perspective si éloignée, ne serait-il pas préférable nous dit M. Le Curé, de construire une église provisoire (bois et carreaux de plâtre) dont M. le curé nous montre le plan qui offrirait aux fidèles, un édifice plus convenable que celui de la rue de Texel, plus grand puisqu’il pourrait contenir 2000 personnes assises, qui permettrait alors que le quartier s’améliore, devient plus riche, habité par des gens plus aisés, ce qui permettrait peut-être alors d’édifier une église définitive – comme nous le désirerions maintenant.
     M. le curé a la nue-propriété d’une somme de 280000fr. Or ce nouveau plan est évalué comme dépenses à cette somme environ. Dans ce cas l’administration municipale, le Conseil d’Etat, devant cette certitude financière donneraient probablement l’autorisation de construire.
     Quelques membres du Conseil font remarquer que le ciment armé serait peut-être préférable pour une construction de ce genre et en tout cas offrirait plus de garantie au point de vue de l’incendie. M. le curé approuvant ces observations s’en occupera et prendra des renseignements à ce sujet.
     Du reste il faut qu’au 30 septembre une décision soit prise car c’est à cette époque que la question du terrain Guépin doit recevoir une solution.
    

Fabrique 27 septembre 1899

     Dans le dernier p.v. vous vous rappelez, messieurs, que la question de l’achat du terrain Guépin était venue sur le tapis et qu’elle devait-être résolue d’une façon ou de l’autre au mis de septembre. M. le curé nous apprit que M. Guépin a bien voulu consentir à une prolongation de 3 ans de sa promesse de vente. De cette façon on aura le temps de voir venir les évènements.
     Vous avez pu voir MM. Dans le Journal de Plaisance qu’une personne généreuse avait fait à M. le curé un don de 100000francs pour la future église. Que cette généreuse bienfaitrice reçoive ici nos remerciements les plus sincères !
     Une partie de cette somme, nous dit le curé, a servi à acheter des moellons de très bonne qualité et à un très bas prix. Pour les futures constructions de l’église ; elle servira aussi à liquider les dépenses faites pour la crypte. Puis il restera probablement 55 à 60000frs qui pourront être employés à terminer des murs de soutènement et à édifier une charpente en fer sur tout le terrain Grenier. Car, voyant les difficultés de la réalisation du plan primitif, la longue échéance à laquelle nous mènerait la somme de 750000fr prévue par le premier plan, M. le curé a fait étudier par l’architecte un nouveau plan.
     La dépense serait de beaucoup inférieure à celle du plan primitif. On utiliserait les charpentes en fer agrémentées de céramiques, ce qui donnerait encore un certain cachet et élégance, le plafond serait plat, mais pourrait si on le voulait à un moment donné, être transformé en voûte.
     Cette question est en ce moment très sérieusement à l’étude, elle est soumise à plusieurs entrepreneurs pour le devis, et peut-être aurons-nous de ce côté quelque chance de voir se réaliser plus tôt nos désirs et s’élever une nouvelle église.
    

Fabrique 21 décembre 1899

     M. le curé nous entretient de la nouvelle église, des difficultés d’une réalisation prochaine, des perplexités dans les quelles il se trouve pour arriver à une décision prompte et facile. Car la ville est absolument opposée au plan primitif, à moins d’y faire les modifications demandées. Et ces modifications sont difficiles à réaliser avec les travaux déjà accomplis.
     D’autre part, l’Administration exige qu’on ait en caisse la somme suffisante avant d’entreprendre une série de travaux. Et puis les souscriptions sont peu abondantes. M. le curé voit donc se reculer indéfiniment l’échéance et la réussite de son entreprise.
     Aussi cette question, sous toutes ses formes, fait-elle l’objet des études de M. le curé qui vient d’adresser à ce sujet un rapport très étendu à S.Em. le cardinal, en le priant instamment de vouloir bien lui accorder audience.
     Si une décision ferme était prise à ce sujet, le devis étant déjà connu, et la maison Moissan promettant d’installer les charpentes en fer en quelques mois, M. le curé nous fait espérer qu’en 1901, à Pâques, peut-être les offices pourraient s’y célébrer. Puisse ce désir être exaucé !
    

Fabrique 17 janvier 1900

     M. le curé rend compte de son entrevue avec S.Em. le cardinal.
     Le projet de faire contracter un emprunt par une Société civile n’a pas reçu l’approbation de l’Archevêché, pas plus que toute autre proposition qui s’écarterait de la voie régulière administrative. Il faut donc procéder légalement, sans détour. Voici dans ce but la marche à suivre que propose M. le curé.
     M. l’architecte a fait un rapport très détaillé d’une part sur les travaux déjà exécutés et payés de la future église et sur l’état des sommes encaissées par la souscription publique et les dons des généreux bienfaiteurs, d’autre part, sur le montant des sommes prévues pour l’achèvement complet de l’édifice. Ce rapport sera adressé au Conseil Supérieur des Pompes Funèbres, et à ce rapport sera jointe une requête dans laquelle le conseil de Fabrique de N.D. de Plaisance demande au comité des Pompes Funèbre de vouloir bien se porter garant d’un emprunt de 380000francs, qui serait fait au Crédit foncier, somme nécessaire à l’achèvement des travaux. - Il semble à M. le curé que le Comité des Pompes funèbre et le Crédit foncier ne peuvent manquer, le premier de garantir, le deuxième d’accorder l’emprunt demandé. – Car il aurait pour garanties :
     1°) la valeur des terrains donnés par M. l’abbé Grenier
     2°) le don fait par M. le curé Soulange-Bodin du terrain Guépin
     3°) les substructions et tous les travaux de maçonnerie déjà terminés
     4°) la charpente métallique commandée à la maison Moissan et soldée totalement par un généreux anonyme.
     5°) la possession d’une somme testamentaire de 280000fr dont l’usufruit est servi à une personne déjà très âgée.
     6°) enfin la garantie des Pompes funèbre.
     Après avoir ainsi développé les grandes lignes de ce projet soumis à notre délibération, m. le curé nous a donné lecture intégrale du rapport très long et très minutieux de M. l’Architecte et aussi de la lettre qui devra être adressé au Comité des Pompes funèbres pour la demande de garantie.
     Alors M. le Président de la Fabrique a posé au conseil la question suivante : MM. Les membres du Conseil sont-ils d’avis de faire en emprunt au Crédit foncier et sont-ils d’avis d’adresser au Comité des Pompes funèbre une demande de garantie dans les termes stipulés ?
     A l’unanimité le Conseil donne son approbation.
     Suivent deux pages de décisions – à saisir –
    
     Le conseil du 24 avril 1900 présente un tournant dans le projet.

Fabrique 24 avril 1900

     Vous vous rappelez messieurs que pour hâter la construction de la nouvelle église, M. le curé avait proposé au conseil qui l’avait approuvé, de s’adresser au Crédit Foncier pour tâcher de négocier un emprunt dont on demanderait la garantie au Comité des Pompes Funèbres.
     M. le curé, après un entretien avec M. Hamel, membre de ce comité, s’adressait au Crédit Foncier pour pressentir leur avis à ce sujet. Or, la réponse de cette société fut absolument négative, la raison c’est que la garantie que leur offrait la Fabrique était insuffisante, en ce moment surtout où s’agite la suppression du monopole des Pompes Funèbres.
     Que faire dans cette situation ?
     Pour ne pas engager l’avenir et s’aventurer dans des dettes qui pourraient être parfois fort lourdes à supporter, l’avis de M. le curé, auquel se rattache le Conseil par un vote unanime fut celui-ci : continuer l’exécution des travaux au fur et à mesure des ressources disponibles. Or pour terminer la première partie jusqu’à la chapelle de la Vierge, une somme de 20000fr est nécessaire d’après le nouveau plan établi ; puis une somme de 204000fr pour les services généraux, dépendances et presbytère.
     A cet effet, il sera adressé aux autorités compétentes une quadruple demande d’autorisation dont voici la copie :
     Le Conseil de Fabrique de N.D. de Plaisance réuni en séance ordinaire le 24 avril 1900
     Considéra&nt :
     1° l’urgence de plus en plus grande de pourvoir aux besoins du culte par un local plus grand et mieux aéré.
     2°) l’état de vétusté inquiétant des hangars que le Conseil municipal met à sa disposition 7 rue du Texel comme église paroissiale.
     Après avoir vivement tenté de s’assurer les fonds nécessaires pour la construction immédiate d’une nouvelle église.
     A résolu de soumettre à l’appréciation des autorités compétentes un nouveau projet de construction d’une nouvelle église :
     1°) le plan primitif déjà déposé en 1897 et soumis au Conseil municipal reste le même, mais le mode de construction serait changé. La suppression des clochers et des voûtes, et la substitution du moellon à la pierre de taille permettront de terminer les travaux déjà commencés par M. le curé Grenier sur son terrain pour la somme de 200000fr environ, et de construire les dépendances, chapelle des catéchismes, sacristies, pureau et presbytère pour la somme de 204000fr,
     2°) comme fins et moyens, le Conseil de Fabrique avait chargé M. le curé de négocier, de concert avec l’administration diocésaine les préliminaires d’un emprunt, soit au Crédit foncier, soit à une grande Société de Crédit, espérant pouvoir donner comme garantie, pendant les 75 du remboursement, une promesse de versement sur le 1/16 des Pompes Funèbres.
     Malheureusement ces maisons de crédit pressenties par M. le curé n’ont pas cru pouvoir entrer en pourparlers en raison de la disparition du monopole des Pompes funèbres.
     Devant cette situation, le conseil estime qu’il sera préférable pour donner satisfaction aux souscripteurs qui veulent voir ce qu’on fait de leur argent, et pour encourager de nouvelles souscriptions, d’exécuter les travaux au fur et à mesure des ressources disponibles, et conformément aux plans et devis régulièrement approuvés.
     En conséquence, il l’honneur de vous présenter la quadruple demande d’autorisation qui suit :
     1°) d’accepter la donation faite par M. Paul Grenier, actuellement curé de St Jacques du Haut Pas, d’un terrain sis 59 rue Vercingétorix, d’une contenance d’environ 1500m et comprenant des fondations d’une église en voie de construction.
     2°) d’acquérir avec l’argent offert par M. Roger Soulange Bodin actuellemen curé de N.D. de Plaisance, un second terrain sis 34, 36, 38 rue Guilleminot d’une contenance d’environ 600m faisant suite au terrain Grenier, et d’une utilité capitale pour l’exécution des Sacristies et des dégagements de l’église projetée.
     3°) de construire sur ces 2 terrains avec l’argent recueilli par souscription à cet effet une église paroissiale avec sacristies et maison curiale au fur et à mesure des souscriptions
     4°) d’y transporter le titre paroissial et le culte.
    

Fabrique 17 octobre 1900

     …. M. le curé nous dit que les travaux prévus sont terminés, que les constructions existantes sont couvertes et protégées contre les pluies et les intempéries de l’hiver, mais que rien ne sera décidément plus entrepris avant la possession d’une somme importante. …..
    

Fabrique 29 mai 1901

     …..
     M. le curé voulant mener à bonne fin et terminer l’œuvre si nécessaire, si désirée, de la nouvelle église avec un zèle qui ne fait que s’accroitre, un désintéressement et une générosité que nous avons déjà tant de fois appréciés et que nous retrouvons et admirons encore aujourd’hui dans l’offre qu’il nous fait de son concours financier et de sa garantie personnelle, nous fait part d’une nouvelle combinaison financière et d’un nouveau remaniement dans le plan de l’architecte qui lui permettront, espère-t-il, d’aboutir au succès.
     Pour cela il faut adresser une nouvelle demande aux autorités compétentes….
     Suit un texte semblable aux précédents avec la mention du financement par le concours financier de l’abbé Soulange-Bodin, la description des économies dans la réalisation et l’augmentation des dégagements de l’église.
    

Fabrique 7 janvier 1902

     … allocutions de M. Sicard, président du Conseil de Fabrique, et de M. Jadot adjoint au maire du XIV°A : Remerciement à M. le curé.
    

Fabrique 15 avril 1902

     … Quant-à la nouvelle église, M. le curé a bon espoir d’avoir bientôt une solution définitive au point de vue administratif. …
     ….Point sur les travaux d’embellissements et d’ornementation, de mise en place du grand orgue.
    

Fabrique 20 juin 1902

     …L’an 1902, ce vendredi 20 juin, en vertu d’une autorisation spéciale de Monseigneur l’Archevêque de Paris, a été érigé et béni par M. l’abbé Soulange-Bodin, curé de la paroisse, le nouveau chemin de croix, en présence du Clergé de la paroisse et de nombreux fidèles.
    

Fabrique 6 octobre 1902

     M. le Président a reçu de la Préfecture de la Seine le décret qui autorise l’acceptation de la donation Grenier et l’acquisition du terrain Guespin.
     Texte du décret :
     Le président de la République française :  -  
     Sur la proposition du Président du conseil, ministre de l’intérieur et des cultes.  -  
     Vu l’acte notarié en date du 21 octobre 1896 portant donation par M. Grenier à la fabrique de l’église N.D. de Plaisance à Paris d’un terrain destiné à la construction de l’église paroissiale.  -  
     vu la délibération en date du 29 mai 1901, par laquelle le conseil de fabrique sollicite l’autorisation d’accepter cette donation et d’acquérir un terrain contigu à celui donné, en vue de la construction des sacristies et des dégagements de l’église projetée  -  
     vu la promesse de vente souscrite par M. et Mme Guespin suivant acte sous seings privés du 21 juin 1899.  -  
     Vu les autres pièces produites à l’appuie de la demande de la fabrique.  -  
     Vu le décret du 30 décembre 1809 et l’ordonnance du 14 janvier 1831.
     La section de l’intérieur, des cultes, de l’instruction publique et des Beaux Arts du conseil d’Etat entendue :
     DECRETE
     Article 1er le Trésorier de la Fabrique de l’église succursale Notre Dame de Plaisance à Paris (Seine) est autorisé
     1) à accepter aux clauses et conditions imposées la donation faite à cet Etablissement par M. Paul Aimé GRENIER, suivant acte notarié du 21 octobre 1896 et consistant en un terrain sis à Paris rue Vercingétorix n°59 d’une superficie de 1515 mètres carré 32 centimètre carrés, estimés 98475 francs, sur lequel a été construite une église au moyen de souscriptions recueillies par la Fabrique.
     2) A acquérir de M. Louis GUESPIN et de Mme REFAUVELOT son épouse, moyennant le prix de 50000francs, égal au montant de l’estimation, conformément à l’engagement souscrit par les Vendeurs suivant actes sous seings privés du 21 juin 1899, un terrain sis à Paris rue Guilleminot n°34, 36, 38 et 40, d’une superficie de 594m² 35 dm² sur lequel ont été construites les dépendances d’une église au moyen de souscriptions recueillies par la Fabrique.
     Article 2 Les actes de donation, d’acceptation et d’acquisition seront transcrits conformément à loi du 23 mars 1855. Il sera justifié de l’accomplissement de cette formalité après du Préfet.
     Article 3 Le Président du conseil, ministre de l’intérieur et des cultes est chargé de l’exécution du présent décret.
    
     Fait à Paris le 18 juin 1902
     Signé Emile Loubet
    
     M. le Trésorier de la Fabrique a donc pu se rendre le 22 septembre 1902auprès de M. l’abbé Grenier curé de St Jacques du Haut-Pas et lui faire signer l’acceptation de donation. Il a pu également le 29 septembre signer avec M. Guespin l’acquisition du terrain sis rue Guilleminot, au prix de 50000francs.
     Etc…
     29 02
Liens
Retour à itinéraire
Retour à culture
Retour au sommaire du site

Paroisse Notre Dame du Travail
La voix du 14°

Pour nous donner des commentaires ou des informations, evariste.lefeuvre@club-internet.fr


Document saisi par E.L. et mise a jour le 22/01/2010