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Rencontre avec Rami Elias

1º Rencontre avec Rami Elias, jésuite de la Province du Proche-Orient et psychanalyste.

Responsable de la catéchèse de tous les centres paroissiaux créés en 1967 avec la nationalisation des écoles privées. Travaille aussi avec tous les mouvements d’action catholique, dont les responsables pour la plupart ne sont pas catholiques.

Directeur de l’Institut de théologie catholique pour les laïcs. En charge de la formation des Jésuites de la Province du Proche-Orient.


La Syrie compte 18 à 19 millions d’habitants, en majorité musulmans ; les chrétiens ne représentent que 8% de la population totale. Chaque église est séparée en deux branches : grecque orthodoxe-grecque catholique, syriaque orthodoxe-syriaque catholique, arméniens et chaldéens .Les Syriaques catholiques comprennent les Uniates (qui élisent leur patriarche avec l’accord de Rome. La petite minorité protestante comprend des réformés, des évangéliques et des baptistes.

Quelques progrès existent dans les rapports entre églises orthodoxes, grecques et syriaques sur la concélébration, mais les catholiques ne concélèbrent pas avec les orthodoxes. Le problème se pose au niveau des autorités mais non à celui des fidèles.

Que peut-faire l’église dans ce pays gouverné par le parti Baas laïque ? Il existe une grande liberté pour les églises qui multiplient les activités, malgré le manque de prêtres. Ceux-ci manquent d’une solide formation théologique ; ils assurent surtout les offices. Dans ce contexte, les chrétiens s’efforcent d’être des témoins. Le dialogue avec l’islam reste superficiel, car aucun des deux partis n’est assez formé pour une réflexion théologique. En revanche beaucoup d’activités sociales se font en commun, mais les communautés restent juxtaposées Par exemple, avec la guerre d’Irak, la Syrie a accueilli nombre de réfugiés, dont 1,5 million de chrétiens. Parmi eux des cas sociaux et psychologiques énormes : une antenne Jésuites-Réfugiés-Service (JRS) essaie de les prendre en charge. Sur les régions de l’Euphrate beaucoup de chrétiens orthodoxes ont émigré vers la Suède et les Kurdes ont pris leur place.


On assiste à une montée du fanatisme des deux côtés mais le gouvernement veille. Il tient à la présence des chrétiens pour maintenir la laïcité. Ainsi depuis 2008, en Syrie, les populations chrétiennes ne sont plus soumises à la charia sur les questions d’adoption, de transmission d’héritage et de nom ; elles peuvent désormais régler ces questions comme l’égalité entre femmes et hommes à l’intérieur de leurs communautés. Au Liban chaque communauté a ses propres lois, ce qui peut aboutir au communautarisme.

La Syrie soutient la résistance palestinienne, d’où des sanctions américaines assez fortes. Par exemple dans l’aviation civile, les Américains interdisent aux Syriens l’achat de pièces de rechange pour les Airbus ! Au Liban les Etats-Unis ont d’abord poussé la Syrie à s’y implanter, puis à s’en retirer ! Ils veulent rediviser le Proche-Orient. L’islamisme se développe en réaction à ces menaces des Etats-Unis qui ont eux-mêmes créé les fanatiques d’Afghanistan ! Et l’inquiétude des Chrétiens grandit qui croient à un plan pour leur faire quitter le Proche-Orient. De leur côté les Eglises occidentales commencent à percevoir le sérieux de la question.


Question famille, un foyer chrétien a quatre enfants environ, un musulman beaucoup plus…8 à 10 ou plus en fonction du nombre de femmes. L’état travaille toutefois à la régulation des naissances. Dans les écoles, où les cours de religion sont obligatoires; le ministère a demandé récemment que de véritables enseignements de religion chrétienne qui y soient donnés. Pour les livres de religion, l’Etat oblige les communautés à travailler ensemble. Sur la question des femmes, il existe des femmes ministres (2 dont une à la Culture) ; à diplôme égal salaire égal. Le problème est moins du côté du gouvernement que des musulmans.


Les Jésuites sont peu nombreux en Syrie, on en compte 4 à Damas, 5 à Homs, 1 dans la campagne, 2 à Alep, et 1 prêté à Mar Mousa. La SJ est sentie comme étrangère dans un pays où l’adhésion à une religion est d’abord communautaire. La longueur de la formation, dix ans après l’université, peut également rebuter. Sur l’ensemble de la province du Proche-Orient (Egypte, Syrie, Liban), il y a 120 jésuites, dont un provincial et trois délégués. La province de France continue à former en français, langue que dominent mal les nouvelles générations. Les prêtres diocésains sont formés au Liban où chaque communauté a son propre séminaire, la formation donnée par les orthodoxes est très bonne.


Sur un autre plan, Rami Elias est très connu comme psychanalyste. Sa formation lui permet de travailler avec des non chrétiens qui représentent environ la moitié des clients. « Il faut sortir de la sacristie ! » disait le général des Jésuites Arrupe. Dans les préparations au mariage, il y a parfois des couples musulmans.


Notes prises par M et E Lefeuvre.

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