Les Textes
Tablettes
trouvées dans les fouilles d’Ugarit et de Ras-Ibn-Hani.
Sur le plan du site d’Ugarit on voit à droite l’Acropole, à gauche le Palais royal et en bas les dernières fouilles de la maison d’Urtenu. Ce sont dans ces trois sites que l’on a découvert des archives.
Dans la correspondance de Tel Amarna, on a trouvé des textes en akkadien provenant de Byblos, par eux on connaissait l’existence d’Ugarit, mais par les fouilles du site d’Ugarit, en particulier dans la Bibliothèque du grand prêtre, on a découvert non seulement des textes en akkadien, mais aussi une nouvelle littérature en caractères cunéiformes et ces textes ci ne sont pas écrits en cunéiforme mésopotamien.
En dépit de leur apparence cunéiforme, ces textes étaient alphabétiques, du fait que cette écriture ne possédait que 30 signes au total.
La situation de Ugarit, peu éloignée de Chypre, des sources de l’Euphrate, de la Mésopotamie, de la Mer Egée, en fait un carrefour Nord-Sud et Est-Ouest à l’origine d’un multilinguisme de huit langues différentes :
Sumérien, Akkadien, Hittite, Louvite, Hurrite, Egyptien, Ougaritique, Chypro-minoen.
Plus la valeur sémantique d’un signe est réduite, moins on a besoin de signes. Dans les systèmes alphabétiques les consonnes donnent le sens et les voyelles les nuances. Ainsi en arabe K T B désigne tout ce qui a un rapport avec l’écriture, kataba signifie « il a écrit », kitab : « livre », katib : « écrivain », maktaba : « bureau » etc… On pense que vers 1250 avant J.C. un scribe écrivant jusqu’alors en akkadien a créé l’alphabet d’Ugarit. Il y avait eu quelques essais auparavant mais seulement sur quelques mots. C’est le plus ancien alphabet opérationnel. Diodore écrit que les Phéniciens n’ont pas inventé l’alphabet mais ont modifié la forme des lettres des Syriens au 13ème siècle.
Bauer, Dhorme et Virolleau ont travaillé parallèlement au déchiffrage de la langue. L’hypothèse était que les textes ne comportant que 30 signes différents étaient apparentés au phénicien et à l’hébreu, utilisant comme eux un alphabet consonantique. Un signe séparateur de mot était fréquemment employé ( <l ). La préposition « L » « L » (en arabe li = il a ou à lui) est souvent employée en initiale.
L’écriture se fait en général de gauche à droite, avec des exceptions. Les terminaisons du pluriel « m »-« m » et féminin « t » - « t » se rencontrent fréquemment. Le mot roi « MLK » « mlk » est rencontré en association avec des noms propres.
Diapo abécédaire d’écolier
A b g h d h w
z
Les lettres sont dans un ordre différent. Au lieu de suivre l’ordre ouest-sémitique bien établi commencant par ‘, b, g, d … il adopte l’ordre du sud-arabique : h, l, h, m…. Par rapport à l’alphabet d’Ugarit il compte 27 lettres, 17 identiques à celles d’Ugarit, 5 n’ont pas la même disposition, et il y a 5 nouvelles lettres.
Les textes ont été trouvés surtout sur l’Acropole, mais aussi dans la maison d’Urtenu, comme le texte décrivant une conjuration pour protéger Urtenu contre les morsures de serpents et de scorpions.
La langue d’Ugarit a une phonologie très archaïque proche de l’Hébreu et de l’Arabe. C’est une langue sémitique autonome.
Correspondance entre la langue Ougaritique et l’Hébreu
Citation de la Bible : tu fouleras leurs dos… à comparer avec la légende de Sirta.
La phrase est développée, on trouve des paires de mots.
La littérature est ouverte vers l’extérieur, avec mention de dieux et de pays étrangers.
Texte d’Inicou.
Il s’agit d’un fragment. Le dieu Baal et Ishtar agissent dans la vallée du « Larbanou ». Ce texte a été découvert dans un contexte du 13ème siècle avant J.C. (alors que les textes de l’Acropole sont plutôt du 14ème et du 13ème ) Ce texte dont on a un quart comporte le mythe de Baal et d’Ishtar.
Mythes concernant Baal
Le combat de Baal contre Môt le dieu de la mort. Dans ce combat Baal est vaincu et descend dans le sein de la terre. La sécheresse s’installe, la pluie ne vient plus. Interviennent Anat, déesse des sources et Shamash, le soleil ; ils vont s’associer pour permettre à Baal de retrouver son palais au sommet du Djebel Akra (zone très pluvieuse actuellement en Turquie, il culmine à 1800m, les Grecs en faisaient une des localisations de Zeus) Ramené à la vie, Baal déclanche des orages et la fertilité revient.
Mythe de Baal contre la mer. Les gens d’Ugarit en bord de mer craignaient les raz de marées…Ils pensaient que la mer devait être contenue. Baal combat le prince Yam, le dieu de la mer qui porte encore le nom de « Juge Fleuve » parce que son domaine s’étend aussi bien sur la mer que sur les eaux douces.
Baal est le protecteur des troupeaux Il est représenté avec une massue pour combattre. Il porte des cornes de taureaux et est parfois appelé « le taureau de Saphon » en tant que protecteur des bovins et éleveurs. Il tient dans sa main gauche une lance foliacée produisant la foudre et les éclairs, la pluie et les orages. Cette lance symbolise le renouveau de la végétation. Le mont Saphone dans le Djebel Akra à 3 kilomètres de la mer, à la fin de l’été, est entouré de nuages et d’éclairs qui sont attirés par l’eau. Les gens ont considéré la région comme le lieu du conflit du Bien et du Mal.
Baal est donc le protecteur des agriculteurs, des marins, des troupeaux et des éleveurs, du Roi et de la dynastie d’Ugarit.
En tant que protecteur des marins, rappelons que l’alignement des temples de Baal et de Dagan, deux tours d’environ 15 mètres de haut, constituait un amer permettant l’entrée au port. Dans le temple de Baal on a trouvé une ancre votive en pierre.
Des statues représentent les phases de la vie humaine : le dieu EL plus âgé bénit le dieu Baal à l’aspect plus combattant.
La religion d’Ugarit n’est pas monothéiste mais intermédiaire entre le polythéisme et le monothéisme ( ?)
Il y a encore un dieu taureau au premier millénaire dans la Bible.
Ugarit n’est pas citée dans l’Ancien Testament car à cette époque elle n’existe plus, détruite par les peuples de la mer en 1186. Mais il y a mention d’un personnage littéraire : Danel, héros d’un poème épique d’Ugarit. C’est un emprunt littéraire par le texte biblique d’un personnage d’Ugarit et qui figure dans la Bible à côté de Noé et de Job. Cf (Ezechiel 14,14)