Le statut des non-musulmans en Islam
Devoir . Evariste LEFEUVRE
Al-Maqrîsi (m.1442) raconte :
« Au mois de radjab 700 une catastrophe vint frapper les dhimmî. Leur luxe, à al-Qâhira et à Misr, était au plus haut point… Un vizir du souverain du Maghreb arriva en Egypte… Il vit passer un homme monté sur un cheval entouré d’un grand nombre d’individus qui avançaient à pied à côté de son étrier. Le vizir maghrébin, ayant appris que ce cavalier était un chrétien, en fut vivement blessé… Il alla trouver les émirs Baybars et Salâr, leur raconta ce qu’il avait vu, leur en témoigna son mécontentement… « Comment, leur dit-il, pouvez-vous espérer le secours du ciel, tandis que chez vous les chrétiens se montrent à cheval, portent des turbans de couleur blanche, humilient les musulmans, et les font marcher à pied à leur service ? » …Après une longue conférence…, il fut décidé que les chrétiens se distingueraient des musulmans en portant des turbans bleus, et les juifs des turbans jaunes ; que ni les uns ni les autres ne pourraient monter des chevaux ni des mules, et s’abstiendraient de tout ce que la Loi leur interdisait…. Le peuple, encouragé par la décision juridique du cheikh Nadjm al-Dîn porta la main sur les églises des chrétiens, ainsi que sur les synagogues des juifs, et les démolit… »
Ce passage nous montre comment les mesures restrictives concernant les non-musulmans n’étaient pas toujours en vigueur en terre d’islam ; mais aussi comment elles étaient relancées de temps en temps sous l’initiative de personnages rigoristes et comment elles pouvaient être amplifiées par le peuple. (texte complet en annexe)
Lorsque Muhammad commença sa conquête, les régions du pourtour de la Méditerranée et le Proche-Orient étaient à peu près complètement christianisés et comportaient d’importantes communautés juives. En Perse une partie de la population était zoroastrienne. La conquête se fit rapidement et les conversions commencèrent. L’empire conquis commença à être islamisé, mais beaucoup de Chrétiens, de Juifs et de Zoroastriens gardèrent leur religion. L’état, son administration et son économie n’auraient pu subsister sans aménagements permettant d’utiliser les services des chrétiens et des juifs en place. Aussi un contrat de protection leur fut-il accordé pour que l’activité administrative et le commerce puissent se poursuivre au bénéfice des conquérants. Le contrat de protection ou « dhimma » en accord avec les sourates du Coran (coran,IX,29) fut mis en place dès les premières conquêtes. Cependant les termes du contrat d’une part et leurs applications d’autre part ont eu divers aspects au cours des siècles et des contrées.
L’étude du contrat de protection nous amène à examiner divers points :
1) L’état religieux avant l’avènement de l’islam,
2) Les injonctions des écritures, Coran, Hadiths et traités,
3) Les diverses interdictions et leurs applications
4) Les mécanismes de mise en place ou de leurs atténuations
Au cours de l’histoire du peuple juif, divers événements ont déclenché la diaspora. Dans l’antiquité deux exodes en Mésopotamie ont dispersé une population juive assez restreinte en nombre mais dynamique culturellement ou économiquement. Ces mouvements accompagnés d’interdiction de résider en Palestine, ont amené de fortes communautés à s’installer définitivement soit dans les pays de déportation, soit ailleurs comme à Alexandrie. Là l’importance de la communauté amena un roi Ptolémée à faire traduire la Bible en grec. En l’an 70 les Romains détruisirent la ville de Jérusalem et les Juifs s’en allèrent s’installer à travers l’empire. Au sud de l’Arabie, juifs et chrétiens se disputèrent le pouvoir et les activités. A Yatrib, future Médine, trois tribus juives résidaient lorsque Muhammad prit le pouvoir.
Les chrétiens, qui, dès les temps apostoliques, ont mis en pratique le message : « Allez, enseignez toutes les nations », ont occupé tout l’espace connu des temps antiques. Les Nestoriens allèrent même jusqu’en Chine, contrée peu connue à l’époque. Cependant, pour comprendre l’extension facile de l’Islam et la facilité avec laquelle il a réussi à mettre en état de soumission des adeptes de religions majoritaires, il convient d’examiner les divisions doctrinales des diverses églises et l’implication des dominations centrales des empires, byzantin ou perse.
Cinq Eglises principales, nées des querelles christologiques et des hiérarchies correspondantes se partageaient le monde du Proche-Orient :
L’Eglise melkite était fidèle au dogme de la double nature du Christ défini au concile de Chalcédoine en 451. Cette église était considérée comme « impériale » par ses adversaires. Elle avait trois patriarcats, Antioche, Alexandrie et Jérusalem.
L’Eglise copte était monophysite, c’est à dire ne reconnaissait que la nature divine du Christ. Elle était principalement implantée en Egypte.
L’ Eglise Syriaque monophysite fut appelée jacobite du nom de l’évêque d’Edesse Jacques Baradée. Prenant le contre pied des Nestoriens, les Jacobites ne voient dans le Christ qu’une nature divine. L’église jacobite compte aujourd’hui près de 80000 fidèles en Syrie.
L’Eglise nestorienne doit son nom à Nestorius qui lui donna sa doctrine. Nestorius refusait d’accorder au Christ une double nature humaine et divine ; il ne voit en Jésus qu’un homme ne pouvant admettre que le Verbe ait souffert sur la croix et il dénie à Marie le titre de Mère de Dieu. Sous la protection des Sassanides, l’église nestorienne connut un grand essor en Orient et les missionnaires nestoriens s’en allèrent jusqu’en Chine et au Tibet. L’Eglise nestorienne est dite aussi chaldéenne ou assyrienne en raison de son implantation principale. Cette église est actuellement présente en Irak et compte quelques milliers de fidèles en Syrie.
L’Eglise maronite s’est développée principalement dans les monts Liban. Elle porte le nom de saint Maroun, un moine du IV siècle. Lors de croisades, ses fidèles confirmèrent leurs liens avec la papauté, tout en soulignant qu’ils n’avaient jamais été rompus..
Après le schisme d’Orient en 1054, l’idée naquit à Rome de s’attacher certains des rameaux disjoints de l’Eglise orientale. Les efforts des missions religieuses européennes aboutirent au XVIII° siècle à la création d’Eglises orientales qui, tout en conservant leur liturgie et leur autonomie sous l’autorité de leur patriarche, reconnurent néanmoins l’autorité du souverain pontife. Ce furent les Eglises grecque catholique, arménienne catholique et syrienne catholique. Une fraction de l’Eglise nestorienne choisit de se placer sous l’autorité de Rome dès le XVI siècle, elle s’appelle aujourd’hui Eglise chaldéenne.
Le Zoroastrisme, premier monothéisme connu, était la religion officielle de l’Empire sassanide. Zarathoustra (Zoroastre selon les Grecs) a introduit le culte de Ahura Mazda, seul créateur et maître du monde. Son pouvoir créatif s’exerce au travers du médium du Spenta Mainyu qui gouverne l’univers par l’intermédiaire d’anges et d’archanges. L’ordre cosmique et divin s’oppose au chaos mensonger personnifié par Angra Mainya. Les faux dieux ou Daevas sont exclus du culte. Point clef : le libre arbitre ; il y a un choix libre entre asha et druj, l’ordre et le non-ordre. Il y a deux sortes de temps : le temps infini et le temps fini. Les humains connaîtront la résurrection de la chair ; l’enfer est limité dans le temps car les fautes sont faites dans le temps limité. Les Zoroastriens, en mettant par écrit l’ensemble du Zend-Avesta accédèrent à la dignité de « gens du livre ». Le Zoroastrisme a survécu à côté de l’Islam chez les Parsis. Dans le Coran les Madjus sont cité en Sourate XXII ,17. Sous ‘Umar I il fut décidé qu’ils étaient intermédiaires entre les Ahl al-Kitâb et les mushrikûn, puisqu’il n’avaient ni prophètes ni écriture révélée.
Sont exclus de la dhimma des gens comme les zindîk, manichéens et assimilés, soupçonnés de vouloir faire pénétrer dans l’Islam des doctrines pernicieuses ; des gens comme les Mazdakites de Bâbek, qui remettent en question la domination politique même de l’Islam.
Vers la fin de sa vie le prophète de l’Islam accepta les accords de soumission de divers groupes juifs et chrétiens considérés comme les gens du livre.
Pour interpréter les prescriptions du Coran vis-à-vis des non musulmans, il convient de bien tenir compte de la théorie de « l’abrogeant et l’abrogé » En effet au cours de la révélation du Coran, la position politique de Muhammad et de ses fidèles évolua et les sourates tiennent compte de cette situation.
Muhammad est clair, il distingue bien les idolâtres, les athées et les gens du livre. Pour les idolâtres le message est : « Tuez les idolâtres partout où vous les trouverez » (S.IX,5).
Le verset sur lequel s’appuient principalement les musulmans pour justifier le statut des Dhimmî est : (S.IX,29)
… Ceux qui parmi les gens du livre ne pratiquent pas la vraie Religion. Combattez-les jusqu’à ce qu’ils payent directement le tribut après s’être humiliés. (Trad D.Masson)
La traduction de Kasimirsky : Faites la guerre…et à ceux d’entre les hommes des Ecritures qui ne professent pas la vraie religion. Faites leur la guerre jusqu’à ce qu’ils payent le tribut de leurs propres mains et qu’ils soient soumis.
La neuvième sourate étant la dernière écrite à Médine abroge toutes les prescriptions antérieures, qu’elles soient favorables ou défavorables aux Dhimmî.
Bien que Les juifs et les chrétiens soient mentionnés ailleurs dans le Coran, on n’y trouve pas d’autre justification d’un statut spécial.
Les Sourates qui datent de l’époque de Médine sont l’œuvre d’un législateur religieux et social, elles contiennent des prescriptions destinées à organiser la société instaurée par l’Islam. Ces règles s’appliquent à la vie de l’époque mais ne prévoient pas l’extension future de la communauté.
La vie de Muhammad est exemple pour les musulmans. L’attitude du prophète envers les non-musulmans est connue par la sunna et les hadiths. Celles-ci nous révèlent l’histoire de l’établissement de la société islamique. Après l’Hégire, la fuite vers Yatrib, Muhammad eut à combattre les Juifs qui ne s’intégraient pas dans la communauté. A son retour triomphal à La Mekke, il détruisit les idoles de la Kaaba mais n’eut pas à convertir les Mekkois qui l’accueillirent au cri de « Allah akkbar ». Plus tard, en 631, il reçut la soumission des Chrétiens jacobites de Najrân à qui il laissa, selon la tradition, leurs biens et leur religion, moyennant paiement d’un tribut. Cette soumission est connue sous le nom de « Edit de Najrân » (voir annexe).
Hormis le traité signé par Muhammad lui-même cité ci-dessus, d’autres pactes furent signés ensuite lors des conquêtes avec les populations qui souhaitaient conserver leur religion.
Lors de la prise de Damas, en 636, fut conclu un traité à la négociation duquel le grand-père de saint Jean Damascène aurait participé.
Les droits et devoirs des Dhimmî bien que fondés sur le Coran, ont évolué au cours du temps et d’une région à l’autre. Un des modèle les plus durs fut mis en place par le rigoureux calife abbasside al-Mutawakkil (847-861). Ce modèle issu d’une évolution de deux siècles fut la norme et considéré comme la convention de ‘Umar . (texte dans Edde 1° p.188).
Les Gens du Livre avait le droit de demeurer en terre d’Islam, de pratiquer leur culte, de conserver leurs institutions et leurs églises. Leur juridiction et leurs tribunaux pouvaient fonctionner pour leurs relations internes. Ils étaient protégés par les musulmans contre toute menace intérieure ou extérieure. Les dhimmî pouvaient même être vizir à condition qu’il soit « exécution » et non de commandement.
La liste des obligations suit : le coran, la convention d’Umar et l’évolution ultérieure.
Le paiement du tribut est la seule obligation du Coran, c’est de loin la prescription la plus importante et celle qui a toujours été observée. Son intérêt pour les finances de l’état était telle que certain gouverneur fut obligé d’interdire les conversions à l’Islam pour sauvegarder les rentrées financières.
L’impôt de capitation : la djizya était payé par tous les hommes valides. Il y eut des exceptions qui ont variées au cours du temps.
L’impôt foncier, le kharâdj, était versé uniquement par les propriétaires non musulmans, les convertis à l’Islam durent bientôt le payer. Cet impôt était en contrepartie la garantie de la possession foncière des terres possédées par les populations indigènes. Cependant cette garantie n’était pas individuelle car la collecte de cet impôt était faite par village. Le seul moyen d’y échapper était de s’enfuire à la ville. Les musulmans avaient pour leur part une contribution « zakât » sur leurs terres.
Durant les périodes de difficultés économiques, les chefs religieux étaient emprisonnés et torturés jusqu’à ce que leur communauté payât une rançon.
Humiliation selon al Zamakhshari (1075-1144) « Le dhimmî viendra en personne à pied, en marchant. Quand il paiera, il se tiendra debout, pendant que le percepteur sera assis. Le percepteur le tiendra par la nuque, le secouera et dira : paye le jizya ! et, pendant qu’il paye, on le frappera sur la nuque. » (cité par ibn Warraq pg.283)
Interdiction absolue de revenir à sa religion primitive après s’être converti à l’islam. Par contre les conversions à l’islam étaient contrôlées ; dans certains cas elles étaient interdites pour assurer l’assiette de l’impôt. Le fugitif qui avait fui à la ville pour se convertir et échapper à la kharâdj pouvait être ramené au village.
Les dhimmî ont interdiction de chercher à convertir un musulman.
Le pacte d’’Umar interdit les nouvelles constructions d’église ou de couvent ainsi que la réparation des anciennes. Par la suite certains califes comme le fatimide al-Hâkim fit détruire beaucoup d’églises même antérieures à l’islam. Ce calife cependant les fit reconstruire ensuite.
Les temples du feu des zoroastriens ont eux aussi été l’objet de destructions.
Dans la manifestation du culte la modestie est de rigueur : pas de cloche, les cimandres ne peuvent être frappées qu’à l’intérieur des lieux de culte.
Les relations avec les musulmans sont marquées par la soumission et l’humiliation préconisées par le coran (S.IX,29)
« Nous donnerons l’hospitalité à tous les musulmans qui passeront chez nous et nous les hébergerons durant trois jours » … « Nous serons plein de respect envers les musulmans nous nous lèverons de nos sièges lorsqu’ils voudront s’asseoir » (Pacte de ‘Umar, voir texte en annexe) « quiconque frappe délibérément un musulman perd la protection de ce pacte .»
Les chrétiens ne peuvent commander à des musulmans.
Le pacte d’Umar stipule « Nous n'enseignerons pas le Coran à nos enfants. » Par contre les enfants fait prisonniers étaient élevés dans l’islam.
Un chrétien ne peut épouser une musulmane, alors qu’un musulman peut épouser une chrétienne (S5,5). L’enfant d’un couple mixte est musulman.
L’habillement des dhimmî ne doit pas être luxueux de plus il doit permettre de reconnaître les dhimmî des musulmans. Un code de couleur appliqué à la ceinture, à une rouelle ou au turban permet de distinguer les chrétiens : bleu ; les juifs : jaune ; les samaritains : rouge ; les mazdéens : marron.
Pour un chrétien monter à cheval était un signe d’arrogance que les musulmans ne supportaient pas. Il est permis seulement une mauvaise monture âne ou mulet.
Le pacte d’Umar dit « Nous ne construirons pas nos maisons plus haut que les leurs.» Des destructions eurent lieu lorsque des chrétiens outrepassaient cette clause. Une anectote raconte que Al-Mutawakkil avait imposé aux Chrétiens de mettre des images en bois du démon sur les portes de leurs maisons. Par contre il ne semble pas qu’il y ait eut de quartier d’habitation obligatoire pour les Dhimmis.
Pour tout litige entre un musulman et un dhimmî, la validité du serment ou du témoignage du dhimmî n’est pas reconnue. L’adversaire musulman d’un dhimmî est donc toujours vainqueur. Le 25 Juillet 2001 un chrétien, Ayub Masih, a été condamné à mort au Pakistan ; le tribunal avait estimé que la parole d’un chrétien ne valait pas celle d’un musulman.
Les marchands payaient une taxe supérieure à celle que payait le marchand musulman. Il leur fut interdit de vendre du vin.
Bien que le coran semble interdire les rôles élevés aux non-musulmans (SIII,28 que les croyants ne prennent pas pour protecteur les incrédules…) des dhimmî ont assuré de hautes responsabilités, surtout dans les premiers siècles. Mais au moyen âge la nomination d’un dhimmî à un poste élevé provoquait des protestations publiques.
Les zones interdites
En Arabie seulement et plus rigoureusement dans les villes saintes La Mecque et Médine le séjour des dhimmî est interdit.
Il est interdit d’injurier l’Islam, et de chercher à convertir un Musulman.
Les pactes de dhimmitude ne concernaient que les communautés qui s’étaient soumises et dont la soumission avait été officiellement acceptée et dûment signée. Le pacte était donc limité à une région ou à une ville pendant une période de stabilité politique. Lors de guerre les vainqueurs n’étaient pas concernés par le pacte des villes ou contrées conquises. Ainsi les dhimmî de ces territoires conquis pouvaient être pris comme esclaves. A Thessalonique en 903, vingt-deux mille chrétiens furent partagés entre les chefs arabes et vendus comme esclaves.
L’histoire des mesures prises à l’encontre des dhimmî montre que très fréquemment elles sont affichées comme la réactivation d’anciens pacte. Cela montre que les mesures vexatoires ou limitatives ne pouvait tenir très longtemps dans des sociétés qui avaient besoin de toutes les compétences. Cependant on peu aussi remarquer que l’imprudence des dhimmî dépassant le seuil de tolérance pouvait déclencher des réactions ; une longue période de calme pouvait faire croire aux inférieurs qu’ils étaient libres de vivre comme les autres et en particulier les riches ou puissants dhimmî se croyaient exemptés de l’observance de règle discriminatoire. L’histoire cité au début de cette étude montre que la rencontre d’un chrétien prétentieux avec un musulman intégriste pouvait mener à une catastrophe pour toute les communautés dhimmî. Des retournement de situation, aussi peuvent avoir des conséquences dans les relations entre dhimmî et musulmans. Par exemple en 1258 lors du sac de Bagdad par les troupes du Khan Hulagu la femme nestorienne de l’Il-Khân intervint pour sauver les chrétiens et les musulmans qui s’étaient réfugiés chez eux. Le comportement euphorique des chrétiens qui s’en suivit les amenèrent à des actions qui causèrent la réprobation des musulmans ; et lorsque les Mongols furent vaincus les pactes de protection-soumissions furent remis à l’ordre du jour.
Avec ou sans décision du pouvoir, la foule est toujours prête à amplifier les mouvements de déstabilisation sociaux. La colère populaire découle parfois de la place qu’ont conservé certains chrétiens dans la haute administration et spécialement celles des finances
Arkoun Mohammed La
Pensée Arabe que
sais-je N°915
Les traducteurs de la philosophie grecque sont principalement des chrétiens -
page41
Blachère Régis Le
Coran que
sais-je N°1245
Page 53-55 L’attitude du jeune Islam vis-à-vis des communautés chrétiennes.
Eddé Anne-Marie Communautés
Chrétiennes en pays d’Islam SEDES 1997
Comment les diverses Eglises au caractère régional marqué et souvent rivales,
se sont-elles adaptées à l’islam conquérant ? à la fin du livre : des
textes arabes présentés et traduits.
Eddé Anne-Marie L’Orient
au Temps des Croisades Flammarion
2002
Textes arabes présentés et traduits. Septième partie Chrétiens et Juifs
(pg.338…)
Gardet Louis L’Islam
Religion et communauté Desclée 2002
Jusqu’à la page 300 : exposé sur
l’islam, puis actualité peu récente.
En conclusion : Islam et Christianisme pg.389. La Dhimma pg.339.
Ouvrage de référence.
Ibn Warraq Pourquoi
je ne suis pas musulman L’Age
d’Homme 1999
Traduction de l’anglais. Violentes attaques contre l’islam mais aussi contre le
monothéisme. Beaucoup de sources sont citées avec le texte. Chapitre sur les
Dhimmî page 278 à 295. Texte du pacte d’Umar.
Le Coz Raymond Histoire
de l’Eglise d’Orient cerf 1995
ch. XIII la situation des chrétiens sous les Abbassides
ch. XIV Le dialogue Islamo – Chrétien
Traite exclusivement de l’Eglise d’Orient dite Nestorienne.
Lorieux Claude Chrétiens
d’Orient en terre d’islam Perrin 2001
Introduction, Quel est ce christianisme oriental ? pg.19-25. Le reste du
livre traite de l’actualité.
Maudoudi Abul a’la.. Comprendre l’Islam A.E.I.F.éd. 1999
Le manuel de l’islamiste… une apologie de Muhammad.
Le christianisme pg.54. Le Jihâd pg.147, 165-166. Rapports avec les non-musulmans
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Platti Emilio Islam
étrange ? cerf 2000
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est étudié en référence au Christianisme. Peu de choses sur la dhimma pg.259.
Sourdel D. et J. Dictionnaire
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Sourdel Dominique L’Islam que
sais-je N°355
Le rôle des chrétiens dans le développement de la philosophie, les sciences et
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Chevalier Jean Le
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sais-je N°2176
Le soufisme s’est développé dans des régions christianisées pg.5. Les Bektachis
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Corbin Henry Histoire de la philosophie islamique folio essais 1986
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N°33 p.218 .. contrainte en religion.
Deslumeaux Alain Les
fouilles de Khirbet es-Samra
Introduction : les langues araméennes
articles DHIMMA tome II page 234 (contrat de protection)
NASÂRÂ tome VII page 211 (Chrétiens)
AHL AL-KITÂB tome I page 272 (Les gens du livre)
KITÂB tome IV page 204 (technique des livres et bibliothèques)
NUSKHA tome VIII page 151 Manuscrit (statut divin du livre) J.J.Witkam
MADJUS tome V page 1105 (Zoroastriens)
KHARÂDJ tome IV page 1062 (Impôts fonciers)
Planhol Xavier de.. Minorité en Islam, géographie politique et sociale Géographes 1997
Bat Ye’or Juifs et chrétiens sous l’islam Berg internat. 1994
Bat Ye’or Le Dhimmî profil de l’opprimé en Orient… Anthropos 1980
Père Maurice Borrmans Dialogue islamo-chrétien ed. Saint Paul 2002
Des chrétiens du Yémen furent reçus par Muhammad en 631 alors qu’il venait de prendre la Mekke. Muhammad traita les chrétiens de manière courtoise et ouverte et, par l’édit de Najrân, il fixa les conditions d’une cohabitation garantissant les biens et la paix religieuse en échange d’une reconnaissance de souveraineté et d’une taxe. Cet édit est rapporté par l’historien al Baladhouri .
« Ceci
est l'acte écrit par le Prophète et Envoyé d'Allah, Mohammed, aux gens de
Najrân... Par générosité envers eux, il ne leur impose que deux mille robes
d'une ouquia à raison de mille robes chaque mois de rajab et de mille autres
chaque mois de sagar... Les gens de Najrân doivent en outre héberger mes
envoyés durant un mois au maximum ; ils ne peuvent les retenir au-delà d'un
mois. En cas de guerre provoquée traîtreusement par les gens du Yémen, ils
doivent prêter 30 boucliers, 30 chevaux et 30 chameaux. Mes envoyés se portent
garants des chevaux et des chameaux empruntés et qui viendraient à mourir : ils
devront les rembourser. Les gens de Najrân et leurs alliés reçoivent la protection
d'Allah et celle de Mohammed, son Prophète et Envoyé pour eux-mêmes, leur
religion, leur terre et leurs biens.
Cette
protection couvre les présents aussi bien que les absents ; elle englobe leurs
caravanes, leurs délégations et leurs idoles.
Rien ne
sera modifié dans leur état. Il ne sera porté atteinte ni à leurs biens ni à
leurs idoles. Aucun évêque ne sera destitué de son épiscopat, aucun religieux
ne sera écarté de son service... Ils ne seront ni exilés ni soumis à la dîme.
Aucune troupe ne foulera leur territoire »
(Trouvé
dans Initiation à l’Islam des origines Christine Bousquet-Labouérie.pg. 30 .
voir E.I. )
Notons que cet accord est passé avec des chrétiens qui n’ont pas fait la guerre contre les musulmans et qui ont pris l’initiative de venir à la Mekke pour traiter. (ce texte serait un faux d’un vizir d’origine chrétienne qui l’aurait inventé pour adoucir le sort des gens de sa famille ; seuls les nestoriens en auraient profité. R. Le Coz)
Nous ne
construirons pas dans nos cités ou dans leurs environs ni monastère, église,
ermitage ou cellule de moine. Nous ne réparerons pas, de jour comme de nuit, ce
qui est tombé en ruine ou ce qui se trouve dans un quartier musulman.
Nous
maintiendrons nos portes grandes ouvertes pour les passants et les voyageurs.
Nous fournirons trois jours de nourriture et un logement à tout musulman qui
s'arrêterait chez nous.
Nous
n'abriterons aucun espion dans nos églises ni dans nos demeures, ni ne le
cacherons aux musulmans.
Nous
n'enseignerons pas le Coran à nos enfants.
Nous
n'organiserons pas de cérémonie publique. Nous ne ferons pas de prosélytisme.
Nous n'empêcherons aucun de nos parents d'embrasser l'islam s'il le désire.
Nous
montrerons de la déférence envers les musulmans et nous leur céderons la place
quand ils désireront s'asseoir.
Nous
n'essayerons pas de ressembler aux musulmans de quelque manière que ce soit.
Nous ne
chevaucherons pas sur des selles.
Nous ne
porterons pas d'épée ou n'importe quelle autre arme, ni ne les transporterons.
Nous ne
vendrons pas de porc.
Nous
couperons nos mèches de cheveux.
Nous ne
montrerons pas nos croix ou nos livres dans les rues empruntées par les
musulmans ou sur les marchés. Nous ne ferons sonner nos cloches que dans nos
églises et très discrètement. Nous n'élèverons pas la voix en récitant nos
prières, ni en présence d'un musulman. Nous n'élèverons pas non plus nos voix
pendant les processions funéraires.
Nous ne
construirons pas nos maisons plus haut que les leurs.
(Trouvé
dans « pourquoi je ne suis pas musulman » de Ibn Warraq pg.284 et
dans Edde pg188.)
Al-Maqrîsi
(m.1442)
Au mois de
radjab 700, une catastrophe vint frapper les dhimmî Leur luxe, à al-Qâhira et à
Misr, était au plus haut point. Ils montaient à l'envi des chevaux fringants et
de belles mules couvertes d'ornements somptueux. Ils se revêtaient d'habits
magnifiques, et occupaient les emplois les plus importants. A cette époque, un
vizir du souverain du Maghreb arriva en Egypte, se proposant de faire le
pèlerinage de La Mecque. Il eut une entrevue avec le sultan et les émirs.
Tandis qu'il se trouvait au bas de la citadelle, il vit passer un homme monté
sur un cheval, et entouré d'un grand nombre d'individus qui avançaient à pied à
côté de son étrier. Ils s’adressaient à lui humblement, l'imploraient et lui
baisaient les pieds. Lui les évitait, ne faisait aucune attention à eux, les
repoussait, en criant à ses serviteurs de les chasser. Le vizir maghrébin,
ayant appris que ce cavalier était un chrétien, en fut vivement blessé. Il alla
trouver les émirs Baybars et Salâr, leur raconta ce qu'il avait vu, leur en
témoigna son mécontentement. Il versa des larmes abondantes, parla des
chrétiens avec un extrême mépris. « Comment, leur dit-il, pouvez-vous espérer
le secours du ciel, tandis que chez vous les chrétiens se montrent à cheval,
portent des turbans de couleur blanche, humilient les musulmans, et les font
marcher à pied à leur service. >> Il se répandit en formules
d'improbation, et s'étendit sur l'obligation qui était imposée aux membres du
gouvernement d'abaisser ces dhimmî et de les forcer à adopter un autre costume.
Son discours produisit une vive impression sur l'esprit des émirs. Ils
mandèrent les cadis, les jurisconsultes et l'on fit venir le patriarche des
chrétiens. Un rescrit promulgué par le sultan enjoignit aux tributaires de se
conformer à ce que réclamait la Loi musulmane. Les cadis se réunirent dans la
madrasa al-Sâlihiyya, placée entre les deux palais. On choisit parmi eux, pour
la conduite de cette affaire, le grand cadi Shams al-Dîn Ahmad al-Sarûdjî, le
hanafite. Ce magistrat manda le patriarche et les évêques des chrétiens. ainsi
que le chef religieux des juifs. Après une longue conférence entre eux, il fut
décidé que les chrétiens se distingueraient des musulmans en portant des
turbans bleus, et les juifs des turbans jaunes ; que ni les un ni les autres ne
pourraient monter des chevaux ni des mules, et s'abstiendraient de tout ce que
la Loi leur interdisait. On les astreignit à toutes les conditions que leur
avait imposées l'émir des croyants 'Umar b. al-Khattâb. Ils acceptèrent cette
mesure, et le patriarche déclara. devant témoins, qu'il défendait à tous les
chrétiens de contrevenir à ce règlement, et de s'en écarter. Quant au chef et
doyen des juifs, il dit : « Je fais tomber l'anathème sur tous les juifs qui
contreviendraient à cet accord ou s'en écarteraient. »
L'assemblée
se sépara, et l'on informa le sultan et les émirs de ce qui avait été résolu.
Le résultat en fut annoncé par des lettres qui furent expédiées dans les
différentes provinces de l'Egypte et de la Syrie. Le jeudi appelé jeudi du
Testament (jeudi saint), qui tombait le vingtième jour du mois de radjab, on
rassembla les chrétiens et les juifs qui se trouvaient à al-Qâhira, à Mijr et
dans les environs. On leur déclara qu'aucun d'entre eux ne pourrait occuper un
emploi dans le Dîwân du sultan ni dans ceux des émirs, qu’ils ne pourraient
monter sur des chevaux ni sur des mules, qu'ils devraient observer fidèlement
les conditions qui leur avaient été prescrites. Cette ordonnance fut proclamée
à al-Qâhira et à Misr, et on menaça de mort ceux qui y contreviendraient. Les
chrétiens, profondément affligés, s'efforcèrent, à prix d'argent, d'obtenir la révocation de cet
arrêt. Mais l'émir Baybars, le djâshankîr, déploya un zèle fort louable et une
extrême fermeté, pour maintenir ce qui avait été résolu. Les chrétiens furent
obligés de se soumettre. Amîn al-Mulk 'Abd Allâh Ibn al-Ghannâm, mustawfi
al-suhba, se convertit à l'islam, ainsi qu'un grand nombre de chrétiens, qui
tenaient à conserver leur rang et rougissaient d'être obligés de porter des
turbans bleus et de monter sur des ânes. Des courriers de la poste, expédiés
dans toutes les contrées qui s'étendent depuis Dumqula, ville de Nubie, jusqu'à
l'Euphrate, y portèrent l'ordre d'astreindre les chrétiens et les juifs aux
règlements susdits.
Le peuple,
encouragé par la décision juridique du cheikh Nadjm al-Dîn Ahmad b. Muhammad
Ibn al Raf'a, porta la main sur les églises des chrétiens, ainsi que sur les
synagogues des juifs, et les démolit. Les émirs mandèrent les cadis et les
jurisconsultes, pour examiner ce qui concernait ces édifices. Ibn al-Raf'a
soutint qu'ils devaient être démolis. Le grand cadi Taqî al-Dîn Muhammad Ibn
Daqîq al-'Îd fut d'une opinion contraire. « Si l'on peut fournir la preuve que
ces bâtiments ont été élevés depuis l'islam, il faut les abattre, sinon il
n'est pas permis d'y toucher. » Le reste des assistants partagea cet avis, et
l'assemblée se sépara.
Lorsque
les habitants d'Alexandrie eurent reçu l'édit du sultan, qui concernait les
dhimmî, ils se soulevèrent contre les chrétiens, et démolirent deux églises.
Ils renversèrent également, parmi les maisons des juifs et des chrétiens,
celles qui s'élevaient au-dessus des maisons voisines habitées par des
musulmans. Ils abaissèrent les estrades de leurs boutiques, en sorte qu'elles
se trouvassent au-dessous du niveau des boutiques des musulmans. Dans le
Fayoum, deux églises furent démolies.
Le courrier
qui portait l'ordre relatif aux dhimmî arriva à Damas le lundi septième jour du
mois « sha'bân. Les cadis et les principaux personnage s'étant réunis chez
l'émir Âqush al-Afram, on leur fit lecture de l'édit du sultan. Le
vingt-cinquième jour du mois, on fit crier dans toute la ville que les
chrétiens eussent à porter des turbans bleus, les juifs des turbans jaunes, et
les samaritains des turbans rouges : on les menaça en cas de désobéissance. Les
chrétiens et « juifs, dans toute l'étendue de l'Egypte et de la Syrie
s'engagèrent à observer le règlement prescrit, et firent teindre leurs turbans.
Il n’y eut d’exception que pour les habitants de Karak. L'émir Âqush al-Ashrafi
s'excusa de faire observer l'arrêté, alléguant que population de cette ville se
composait en majeure partie de chrétiens. En conséquence, les chrétiens « Karak
et de Shawbak ne furent point astreints à changer la couleur blanche de leurs
turbans.
En Egypte,
les églises restèrent fermées l'espace d'une année. Des ambassadeurs, envoyés par
Lascaris roi des Francs, étant venus solliciter l'ouverture des édifices, on
rouvrit l'église al-Mu'allaqa, située dans la ville de Misr, ainsi que l'église
melkite Saint-Michel. Ensuite, sur la demande des ambassadeurs d'autres
souverains, on rouvrit l'église du quartier de Zuwayla et l'église
Saint-Nicolas.
Quand nous avons ordonné que les dhimmî revêtissent les signes distinctifs qui les différencient dans leur apparence des musulmans, et que cela fut établi selon les exigences de la loi divine manifeste et pure, il nous parvint qu'une bande d'irresponsables et de voyous s'étaient attaqués aux dhimmî en paroles et en actes détestables, restreignant ce que le pacte de dhimma conclu leur avait accordé concernant leurs moyens de subsistance et leur situation. Nous avons désapprouvé cela et nous nous devons d'interdire de dire ou de faire de telles choses.
Nous ordonnons ce que conserve ce document et ce jugement à savoir :
Garder et protéger ces dhimmî; s'abstenir de leur nuire et de les harceler, ne pas leur causer de préjudice, ne pas leur intenter de mauvais procès et ne pas s'écarter à leur sujet du droit chemin, ne pas modifier la justice qui leur est garantie, ne pas troubler les bienfaits dont ils sont abreuvés, ne pas les attaquer en actes ou en paroles, qu'il ne leur soit pas donné d’entendre des paroles désagréables, préjudiciables ou injustes, afin qu'ils obtiennent les droits du contrat de dhimma selon son statut et sa justice et qu'ils aillent jusqu'au bout de ces droits dans ce qu'ils leur octroient de bienfaisance, que leur sang et leurs biens inviolables soient protégés, que les moyens de subsistance qui leur sont répartis soient abondants, que leurs activités qui leur sont garanties soient consolidées, que les intérêts qu'ils souhaitent défendre puissent être organisés et que les décrets de la Loi religieuse telle qu'elle est définie s'appliquent à eux.
Celui qui contrevient à cet ordre suit en cela la voie des opposants et s'écarte, par le fait de sa mauvaise action, d'une conduite civilisée qui nous retient et nous éloigne du mal.
Les émirs et autres gouverneurs doivent exécuter ce jugement, garantir ces dhimmî contre l'injustice et les protéger en toute situation, et en cas d'incident, de tout dommage et de toute perte.
Traduction
française : A.-M Eddé.
Enfin, quant à ceux qui n'ont pas encore reçu l'Evangile, sous des formes diverses, eux aussi sont ordonnés au peuple de Dieu". Et, en premier lieu, ce peuple qui reçut les alliances et les promesses, et dont le Christ est issu selon la chair (cf. Rom. 9, 4-5), peuple très aimé du point de vue de l'élection, à cause des pères, car Dieu ne regrette rien de ses dons ni de son appel (cf. Rom. 11, 28-29).
Mais le dessein de salut enveloppe également ceux qui reconnaissent le Créateur, en tout premier lieu les musulmans qui professent avoir la foi d'Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, futur juge des hommes au dernier jour. Et même des autres, qui cherchent encore dans les ombres et sous des images un Dieu qu'ils ignorent, Dieu n'est pas loin, puisque c'est lui qui donne à tous vie, souffle et toutes choses (cf. Act. 17, 25-28), et puisqu'il veut, comme Sauveur, que tous les hommes soient sauvés (cf. 1 Tim. 2, 4).
En effet, ceux qui, sans qu'il y ait de leur faute, ignorent l'Evangile du Christ et son Eglise, mais cherchent pourtant Dieu d'un cœur sincère et s'efforcent, sous l'influence de sa grâce, d'agir de façon à accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte, ceux-là peuvent arriver au salut éternel ". A ceux-là mêmes qui, sans faute de leur part, ne sont pas encore parvenus à une connaissance expresse de Dieu, mais travaillent, non sans 'a grâce divine, à avoir une vie droite, la divine Providence ne refuse pas les secours nécessaires à leur salut. En effet, tout ce qui, chez eux, peut se trouver de bon et de vrai, l'Eglise le considère comme une préparation évangélique " et comme un don de Celui qui illumine tout homme pour que, finalement, il ait la vie. Bien souvent, malheureusement, les hommes, trompés par le malin, se sont égarés dans leurs raisonnements, ils ont échangé la vérité de Dieu contre le mensonge, en servant la créature de préférence au Créateur (cf. Rom. 1, 21 et 25) ou bien vivant et mourant sans Dieu en ce monde, ils sont exposés aux extrémités du désespoir. C'est pourquoi l'Eglise, soucieuse de la gloire de Dieu et du salut de tous ces hommes, se souvenant du commandement du Seigneur : « Prêchez l'Evangile à toutes créatures » (Marc 16, 16), met tout son soin à encourager et soutenir les missions.
(Concile
œcuménique Vatican II ed :
Centurion 1967 page 38)
L'Eglise
regarde aussi avec estime les Musulmans, qui adorent le Dieu un, vivant
et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la
terre, qui a parlé aux hommes. Ils cherchent à se soumettre de toute leur âme
aux décrets de Dieu, même s'ils sont cachés, comme s'est soumis à Dieu Abraham,
auquel la foi islamique se réfère volontiers. Bien qu'ils ne reconnaissent pas
Jésus comme Dieu, ils le vénèrent comme prophète ; ils honorent sa Mère
virginale, Marie, et parfois même l'invoquent avec piété. De plus, ils
attendent le jour du jugement, où Dieu rétribuera tous les hommes ressuscités.
Aussi ont-ils en estime la vie morale et rendent-ils un culte à Dieu, surtout
par la prière, l'aumône et le jeûne.
Si, au
cours des siècles, de nombreuses dissensions et inimitiés se sont manifestées
entre les chrétiens et les musulmans, le Concile les exhorte tous à oublier le
passé et à s'efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle, ainsi qu'à
protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale,
les valeurs morales, la paix et la liberté.
(Concile
œcuménique Vatican II ed :
Centurion 1967 page 696)