Cours «Civilisations du  Proche-Orient »

Par  Monsieur LeBastard (2003)

 

LE PROCHE ORIENT SOUS LES CALIFES

Du VII siècle à la chute de Bagdad en 1258

1         Introduction

La période concernée par ce cours part de la naissance de Mahomet vers 570 à la chute de Babylone. La période pré-islamique est évoquée, mais le cours précédent en a fait état. Elle se termine au XIII siècle avec la disparition des califats de Bagdad en 1258. Les grandes institutions du monde musulman sont mises en place, avec les conséquences  sur les non-musulmans. Le sujet est très vaste, le cours en tracera le panorama des lignes de forces. Quatre séances suggèrent quatre parties :

1.1        Structure du cours

A)                 Situation du cadre événemental – descriptions des grands événements militaires et politiques, avec allusions aux institutions et à l’évolution religieuse. (utilisation des cartes, de la liste des califes et du schéma des dynasties.) Les califes représentent des repères historiques.

B)                 Institutions musulmanes et vie religieuse.

C)                 Evolution intellectuelle et culturelle (sciences, littératures…)

D)                 Les non-musulmans en pays d’Islam. Situation politique et sociale, identité culturelle, conservatisme en matière de coutumes religion et langue, évolution interne symbiose avec les cultures arabes – les Chrétiens.

1.2        Les Sources

Alors que pour les périodes précédentes les sources étaient rares, pour cette période historique la documentation est très abondante.

Commentaire bibliographique

Voir la feuille à part. Ajouter les éléments de bibliographie de Jean Sauvaget.

En particulier : Encyclopédie de l’islam

2          Situation du cadre événemental

Note : distinction entre  Proche-Orient et Moyen-Orient. Le terme Moyen-Orient est une traduction de l’anglais. En France on parlait du Levant et du Proche Orient : le Levant concerne les côtes orientales de la Méditerranée y compris quelquefois Athènes, et le Proche-Orient l’arrière-pays.

2.1        Situation au sixième siècle avant l’arrivée de Mahomet

2.1.1       Les grandes puissances :  Romains et Perses

Au sixième siècle deux superpuissances se partageaient le Proche-Orient : l’empire romain d’Orient avec sa capitale Byzance (dit aussi « Empire byzantin ») et la Perse dirigée par une dynastie nationale, la dynastie sassanide qui tire son nom d’un ancêtre éponyme Sâsân, qui avait été à la fin du 2ème siècle un membre élevé de la hiérarchie zoroastrienne.

2.1.1.1     L’empire sassanide

Le premier souverain sassanide a été Ardasir I. En 226, il avait pris le titre de « Roi des rois » et avait soustrait son territoire à l’autorité des rois parthes en vainquant Artaban V. En 226, Ardachir fut couronné roi d’Iran à Ctésiphon (près de l’actuelle Babylone). L’empire iranien était marqué par son caractère multinational avec des populations proprement iraniennes (Parthes, Perses, Baloutches …) et des populations araméennes. L’empire sassanide incluait non seulement l’Iran d’aujourd’hui mais aussi l’Irak, une grande partie de la Mésopotamie, (frontière : l’Euphrate surtout au nord) et même souvent l’Arménie au point que 30% du vocabulaire arménien provient du perse. (moyen perse ou parthe).

2.1.1.2     La religion dans l’empire sassanide : le Zoroastrisme ou Mazdéïsme.

L’Empire sassanide avait une religion nationale que l’on peut définir comme étant un néo-Zoroastrisme. C’est à dire une religion qui se réclamait de l’enseignement de Zoroastre, prophète  qui aurait vécu au 7ème siècle avant J.C. . Le Zoroastrisme reconnaît comme dieu Ahura Mazdâ  qui donne son nom à la religion des Sassanides : le Mazdéisme. Cette religion comportait un clergé très hiérarchisé et diversifié dont les membres portaient le nom de « mages » (venant de magus   Swugm ) Le clergé était très puissant, formant un rouage important de l’état, l’autre pôle étant l’armée. A la cour des rois sassanides se trouvait un archi-mage qui pouvait servir de Premier ministre à l’empereur (mage des mages). Le Zoroastrisme n’était obligatoire que pour les sujets d’origine iranienne. Mais il a été aussi imposé en Arménie surtout dans les classes élevées de la population (aristocratie). Pour les Araméens d’Irak il n’y a pas eu d’effort de conversion.

2.1.1.3     Christianisation

Au 3ème siècle le Christianisme a pénétré profondément. Lors de la Christianisation se produisirent des conversions. Lorsque celle-ci touchaient les populations juives, cela était sans conséquences politique, mais lorsqu’il s’agissait de population mazdéenne, cela était considéré par les mages et le pouvoir comme une atteinte  à la religion d’état. Ceci entraîna de longues et fortes persécutions contre les chrétiens, persécutions massives avec des milliers de martyrs morts dans des tortures affreuses (actes des martyrs en syriaque). Cette politique religieuse anti-chrétienne est  plus forte à partir du règne de Constantin le grand, mais surtout à partir de Théodose à la fin du IV siècle qui avait fait du christianisme la religion d’état de l’empire romain tout entier. L’antagonisme entre les deux puissances n’est pas seulement territorial, même si des guerres de frontières ont lieu en Arménie et dans les régions autour de l’Euphrate, les Romains n’étant jamais en permanence au-delà de l’Euphrate

2.2        Septième siècle

Au début du VIIème siècle, la situation politico-militaire est instable, avec des coups d’état. Après le règne de l’empereur Maurice, un usurpateur du nom de Phokas, règnant par la terreur, est incapable de contenir les attaques des Perses. Ce Phokas est renversé par Héraclius premier qui règne de 610 à 641  et fonde la dynastie des Héraclides. Il doit faire face à son adversaire perse Chosroes II dit le victorieux (Parvîz surnom en persan) 590-618.

2.2.1       Conquêtes de Chosroès  -  réplique d’Héraclius

A partir de 618 profitant de l’instabilité à Constantinople, Chosroes lance une vaste opération de conquête du proche orient et ravage la Syrie, prend Jérusalem où il commet des dégâts considérables. Chosroës s’empare de la relique de la vraie croix, et s’avance jusqu’en Egypte. Autour de 621-622 il a reconstitué l’empire des Achéménides moins l’Anatolie. Il rentre à Ctésiphon en vainqueur. Héraclius rentre précipitamment à Constantinople, réunit une grande armée, et reprend l’offensive. A partir de 622 il pénètre en Perse. Héraclius récupère  à Ctésiphon la relique de la vraie croix et la rapporte triomphalement à Jérusalem en 630. Cet exploit est toujours fêté par l’Eglise d’orient chaque année sous le nom de « Triomphe de l’Orthodoxie ».

Ces guerres de conquête avaient aussi un caractère religieux sans être des guerres de religion.

2.2.2       Menaces arabes

Pendant cette période, les Arabes deviennent menaçants sur les frontières sud de ces deux empires qui s’affrontent au nord. L’Arabie centrale est occupée par des confédérations de tribus bédouines qui sont dans l’anarchie : pas de pouvoir politique unifié, monde insaisissable, les bédouins vivent des razzias. Ces razzias sont souvent destructrices surtout au point de vue économique. (Des statues sont enlevées et amenées à la Kaaba). Les Romains et les Perses créent des états tampons avec des Arabes plus ou moins hellénisés ou persisés.

2.2.3       Les états tampons

Le désert est impénétrable aux empires. Et les Arabes sont dangereux, aussi la cour de Constantinople et celle de Ctésiphon créent au sud de la Syrie la Jordanie et au sud de la Perse deux états tampons.

Dans le Golan et à Pétra les Ghassanides (rassanides  Na^&s^è wun^b ). Les populations étaient chrétiennes monophysites (Eglise syrienne orthodoxe : Jacobite). Les Ghassanides ont régné depuis le début du VIème siècle jusqu’à l’arrivée de la conquête musulmane. Un de ces rois fut distingué par le titre de « patrice » par l’empereur romain. Les Ghassanides empêchaient les invasions des pillards paillards de l’Arabie centrale. Ils étaient semi-nomades et n’avaient pas de véritable capitale, juste un camp dans le Golan : Jabiya avec un sanctuaire à saint Serge Lors de l’invasion, le dernier Ghassanide se réfugia à Constantinople. La population accueillit les Arabes comme des libérateurs sans forcément se convertir à l’islam et participa aux  conquêtes arabes. Une partie des chrétiens arabes de nos jours est issue de ces chrétiens sassanides.

De leur côté les Perses protégeaient des vassaux représentés par la dynastie arabe de Lakhmides (larmides) M°o^l wun^b  Les Lakhmides étaient sédentaires et avaient une capitale fixe : Hira öryij   Cette ville a existé jusqu’à nos jours ; c’est maintenant un village au sud de l’Euphrate. Elle a eu une importance jusqu’au 12ème siècle et était le siège d’un évêché. Les souverains étaient païens (sauf le dernier) mais pour des raisons politiques, pour ne pas fâcher les Perses, alors que tout le reste de la famille était chrétien. En particulier les princesses étaient célèbres par leur dévotion et elles ont fondé des couvents ; Hira était couverte d’églises et de couvent. Les Lakhmides étaient chrétiens de l’église de Perse et donc rattachés aux Nestoriens. Les rois Lakhmides étaient reçus à la cour de Perse et servaient de tampon entre les razzias arabes et les Perses. Certains rois faisaient du chantage auprès du grand roi ( si… , "je lâche mes bédouins"). Peu de temps avant l’invasion des Arabes, la Perse s’est fâchée, elle a renversé la dynastie Lakhmide en 602 et mis un gouverneur perse à la tête du pays. Mais en affaiblissant leurs marches les Perses ont ainsi facilité la tâche des envahisseurs arabo-musulmans.

2.2.4       En Arabie centrale - Muhammad

Pendant ce temps là en Arabie centrale, vers 570, un certain Muhammad naît à La Mecque dans la grande famille de banu Hasim de la tribu importante des Qurays (=requin : totem de la famille)  - voir la biographie de Muhammad sur la fiche – Après une enfance et une adolescence vécues dans la pauvreté (il aurait gardé les chèvres…), il s’est senti une vocation religieuse qui s’est affermie dans sa majorité par le spectacle de la société mecqoise qui était dissolue. Il voyait des Arabes et non Arabes de religions diverses.

2.2.4.1     Les religions en Arabie du VII siècle

L’Arabie à cette époque était la seule région à être restée païenne. Même les tribus bédouines étaient converties, certaines très ferventes. (1/3 de converties).  Des caravanes chrétiennes venaient faire du commerce à La Mecque. Dans ses voyages dans le Nord-arabique, Mahomet a côtoyé le christianisme : des ermites et des moines. Le point de départ des caravanes parvenant à la Mecque était Bosra  örxb  en Syrie. Cette ville était un important centre caravanier rempli d’églises et de couvents. Mais Muhammad ne connaissait pas bien la religion elle-même (évêques et cultes). En Arabie même, à Yatrib se trouvait trois tribus juives : les Banou Qaïnoqa’, les Banou Nadîr et les Banou Qoraïza.  C’étaient des juifs pas très orthodoxes qui s’étaient écarté des rabbins de Jérusalem. Mahammad a fini par chasser ou massacrer ces tribus juives. Il y avait aussi à Yatrib des représentants du Mazdéisme  L’un des compagnons de Muhammad  était un Iranien : Salman dit le Perse, échoué en Arabie pour des raisons religieuses ou commerciales ; il était peut-être d’une secte baptiste plus ou moins gnostique qui subsistait encore à la fin du VI siècle aux confins désertiques. Il côtoya aussi des judéo-chrétiens : des Ebionites de la ville trans-jordanienne de Pella, leur centre. Leur christologie, et même leur mariologie, connues par des écrits grecs, sont exactement celles du Coran. (cf. la conception virginale). Très actifs mais discrets, les Manichéens persécutés dans les deux empires se maintenaient et étaient assez nombreux. On a des traces de ces diverses influences dans le Coran.

2.2.4.2     La prédication de Muhammad

La prédication de Muhammad se heurte à des difficultés. Il recrute des partisans, et plus il a de partisans, plus sa tribu, les Quraych, lui faisait des difficultés car commercialement la reconnaissance des divinités des clients, manifestée par la présence des idoles des divinités dans la Kaaba, permettait de reconnaître les alliances. La prédication de Muhammad était en effet un obstacle à l’activité commerciale des Quraych et ceux-ci, après avoir tenté de le tuer, l’obligent à fuir le 16 juillet 622. C’est L’hégire, Higra ( ö°oih - émigration – fuite..)

2.2.4.3     L’égire

Muhammad va vers Yatrib qui devient la ville du Prophète : Médine. A partir de cette date Muhammad fonde à la foi une communauté religieuse et un état théocratique dont il pose les bases juridiques et politiques. Il édite des règlements, au nom de Dieu dans le Coran,  ou en son propre nom dans les Hadîths – traditions profanes. L’élément profane est d’emblée mis sous le patronage de la religion avec une imbrication entre le religieux et le profane. Muhammad finit par étendre son autorité sur l’Arabie centrale et conquiert La Mecque en 629. Tout le monde est invité à se convertir à l’islam, cette conversion étant une allégeance à l’autorité du gouvernement. Muhammad meurt en l’an 11 de l’Hégire soit en 632 de notre ère.

2.3        Epoque islamique

Du vivant même de Muhammad, les Arabes avaient lancé quelques expéditions du côté de l’empire romain d’Orient, avec plusieurs échecs. Mais les Arabes étaient au courant des rivalités entre Romains et Perses. On en trouve des échos dans le Coran : ainsi le pillage de Jérusalem par Chosroes avait choqué les Arabes. La sympathie des Arabes allait plutôt du côté des Romains.

Les deux grands empires s’étaient épuisés en guerres, les Arabes saisirent les occasions favorables sans qu’il y eût de plans préétablis d’invasion.  Les chefs de tribus se sont lancés chacun de leur côté pour leur propre compte; les premiers califes ayant du mal à coordonner les opérations et à introduire la discipline parmi les généraux à la tête des tribus. Malgré l’unité de l’Islam, le tribalisme gardait une grande influence. L’idée d’un pouvoir central s’est petit à petit imposé, et le bien commun à l’intérêt de telle ou telle tribu. Dès l’époque des califes « bien guidés » ou « orthodoxes », les premiers califes de Médine, s’est installé un pouvoir central.  Il y avait un trop-plein démographique à l’époque en Arabie, pays qui n’offrait pas beaucoup de ressources. Pour une fois les Arabes étaient unis sous une même bannière ; ils se sont livrés à des razzias victorieuses vers les villes riches du croissant fertile et ont ainsi conquis en quelques années la Palestine et la Syrie.

2.3.1       Attaques contre l’Empire romain

L’épuisement de l’empire romain d’Orient était dû au dualisme des fronts : le nord de l’empire était menacé. L’empereur, chef militaire, devait faire face à ces deux fronts. Après la victoire d’Héraclius, les Romains se sentirent tranquilles en Syrie et dégarnirent le front du proche Orient. Après de longs sièges les villes affamées devaient négocier des redditions. Cette conquête ne fut pas très meurtrière. Les Arabes ne rencontrèrent que peu de résistance du côté romain, en Syrie et en Palestine.

Jérusalem fut conquise en 638 sous le califat d’Omar.

Les Arabes atteignirent très vite l’Egypte, Alexandrie fut conquise une première fois en 642. Les Alexandrins ouvrirent leurs portes et signèrent une capitulation ; mais dès que le conquérant s’éloigna ils massacrèrent la garnison arabe résidante et firent appel à Constantinople pour demander de l’aide ; mais les navires envoyés par Constantinople ne purent jamais accoster à cause du mauvais temps. Lorsque ‘Amr b. al ‘Ass revint à Alexandrie il traita très durement les Egyptiens (« d’abord je tonds, ensuite je trais puis je boucane… »)

2.3.2       Attaques contre la Perse

Les Arabes rencontrèrent plus de résistance du côté des Perses. Les circonstances étaient favorables aussi, car la campagne d’Héraclius avait amené l’effondrement du prestige de l’empereur Chosroes qui fut assassiné. L’anarchie s’était installée en Perse. De complots en assassinats, on aboutit à des gouvernements de femmes et d’enfants. Au moment où les Arabes envahissent la Perse, il n’y a plus de résistance.

2.3.2.1     Dernier empereur de Perse

Autour de 632, le nouvel empereur Yazdagard III est un jeune homme inexpérimenté qui n’a pas saisi tous les rouages du pouvoir. Les armées persanes connaissent une série de défaites (en particulier à Qadisiyya où le drapeau impérial est pris par les Arabes). Yazdagard fuit vers l’est de l’empire où il essaye  de recréer une armée en vain. Les Arabes avancent en Irak et en Perse où ils occupent les voies de communication. Yazdagard fuit encore jusqu’à Merv où il y est assassiné par un meunier qui voulait lui voler ses bottes alors qu’il était sur le point de s’exiler en Chine. (vers 640).

2.3.2.2     Pénétration des Arabes en Perse

Ils pénétrèrent par les grands axes. Après la défaite des Perses à Qadisiyya en 637, les Arabes se contentèrent de contrôler les grandes villes sans se mêler à la population, ce qui explique que l’Iran garda sa langue. L’arabisation se contenta des grandes voies de communication et de villes-camps qui se trouvaient le plus souvent loin des autres villes ou dans les faubourgs mais à l’écart de la population locale. La conquête se faisait par étape. Les arabes laissaient l’administration locale en place et se contentant de prélever le tribu. Ces impôts allaient au nouveau pouvoir même si les modalités restaient les mêmes. 

2.4        Installation du pouvoir arabe

Ainsi au début de la prise du pouvoir dans les pays conquis, les Arabes se tinrent à l’écart des populations locales et laissèrent en place les structures administratives des pays conquis, que ce soit dans l’ex empire romain ou en Perse. Puis progressivement ils introduirent de nouvelles formes d’administration avec de nouveaux impôts, comme la gizya ,  capitation frappant les chefs de famille non musulmans ayant des revenus .

2.4.1       Maintien de l’unité de l’empire

Les Arabes eurent très vite des difficultés pour maintenir l’unité de l’empire, à cause de l’expansion rapide vers l’Ouest (Libye, Maroc, Espagne) et vers l’Est (Asie centrale et zone chinoise). Ils durent s’arrêter car trop loin de leur base et ils rencontrèrent des résistances contre les-quelles ils n’étaient pas assez en force. D’autre part à l’intérieur même du monde arabe il y eut de grave dissensions, liées, en grande partie aux problèmes de famille.

Les deux premiers califes n’avaient pas de liens familiaux avec Muhammad en revanche le troisième, Othman, faisait partie de la tribu des Qurays dont était issu Muhammad. C’était un cousin de la famille Omeyyade apparentée aux descendants de Muhammad. De même, Ali était cousin et gendre de Muhammad. La dynastie des Abbassides descend d’un oncle de Muhammad : Abbas

2.4.1.1     Sous les califes de Médine

Abou Bakr               632          634
’Omar                     634          644
Othmân                   644          656
’Ali                          656          661

Sous les califes de Médine la communauté musulmane était marquée par l’influence tribale surtout la tribu Qurayse. Cette rivalité entre branche de la tribu se doublait d’oppositions religieuses. Dès le début, il y eut des divergences dans l’interprétation du Coran qui n’a été fixé que sous Othman, 20 ans après la mort de Muhammad. Cette fixation a été faite dans des conditions douteuses : suppression de versions particulières ou de matériaux datant de la vie même du prophète. Cela jeta des doutes sur l’honnêteté du choix ; en particulier il y aurait eu des suppressions de textes favorables à Ali (4ème calife bien guidé) qui aurait du succéder à Muhammad pour guider la communauté. Il y avait donc opposition des partisans d’Ali contre les trois autres califes. Ces oppositions aboutirent à l’assassinat de Othman en 644. Ali a été nommé dans des conditions qui n’ont pas été normales et qui n’ont pas fait l’unanimité. Les membres de la famille d’Othman on réclamé vengeance.

2.4.1.2     La fin d’Ali

Les Omeyyades  (=Umayyades ) descendants de Umayya, qui était cousin du grand-père de Muhammad, se liguent contre Ali pour venger la mort de Othmann. Ali est pris dans les combats de la conquête et doit donc faire face aussi aux troubles intérieurs. Ces troubles intérieurs conduisent à une série de batailles avec un combat final frontal à Siffin en 658. 

Les troupes de Ali étant sur le point de gagner le combat. le chef Omeyyade demanda l’arbitrage. Il avait fait planter des feuilles du Coran sur les lances de ses soldats ! Ali accepta l’arbitrage contrairement à l’avis de ses partisans qui furent mécontents de cette attitude de faiblesse. Une partie de ses partisans les plus fermes cessèrent d’aider Ali et, sans se rallier aux Omeyyades créèrent un mouvement d’opposition les Kharedjites c’est à dire  ceux qui se séparent ou qui sortent. Ces séparatistes causèrent bien des soucis aux autres qu’ils soient du côté d’Ali ou de Murawiya.  (Cette tendance existe encore : ce sont les Ibadites.) Ali est déposé en tant que calife. Il se retrouva avec un petit groupe de partisans qui étaient convaincus que, sur le plan religieux, Ali était dépositaire du message de Muhammad sans l’approuver sur le plan politique. Ce mouvement est devenu la branche chiite.

Ali continua de guerroyer en Iran et Irak dans des batailles sans envergure. Il finit assassiné en 661. Ainsi se termine la période des califes « bien guidés » qui siégeaient à Médine.

2.5        Les Omeyyades – Califes de Damas

Mo’âwiya 1              661          680             installe le premier état à Damas
Yazîd 1                   680          683
Mo’âwiya 2              683          684
Marwân 1                684          685             grandes réformes – monnaies arabes

‘Abd al-Malik           685          705             l’arabe langue de l’administration en 702

- - - - - - -

Yazîd 2                   720          724             mesures iconoclastes

- - - - - - -

Marwân 2 al Himâr   744          750             massacré par les Abbasides

La Syrie était un pays d’accueil pour les Arabes venant du sud depuis les temps bibliques. Ce pays offrait le confort en même temps que les conditions de la vie traditionnelle bédouine. Damas devient leur capitale. La conquête arabe prend un autre visage et les califes de Damas font figure de potentats.

2.5.1       Le pouvoir omeyyade

Muawiya I  installe le premier état. L’administration s’organise en profondeur. Un véritable état islamique s’installe dans la continuité de la civilisation romaine (byzantine) cela se voit dans l’art : architecture et décoration. Les architectes et artisans syriens sont des chrétiens du monde byzantin. Le règne de Muawiya I dure vingt ans. Il cherche à se poser dans la tradition des anciens souverains. Il se fait représenter avec des habits byzantins et parfois avec des attributs de souverain perse. La stabilité du pouvoir est parfois compromise par des dissensions familiales. Le fils de Muawiya I, Yazîd I, ne règne que trois ans.

Le fils d’Ali, Husayn,  est tué à Kerbela en 680 avec sa suite par des troupes omeyyades. Les Chiites célèbrent la mort de Husayn  considéré comme martyr pour eux car il avait hérité de la légitimité. Yazid est considéré par les Chiites comme le diable…dans le théâtre chiite (condoléances : Taziye)    

Les diverses composantes omeyyades luttent jusqu’à ce que s’impose Marwan en 683  il ne règne qu’un an et laisse la place à Abdalmalik. C’est le deuxième grand règne : des changements importants ont lieu. Le souverain Abdalmalik  qui règne depuis Damas procède à de grandes réformes. A partir de 687, il décide de frapper monnaie. Il prend des monnaies existantes et les fait modifier. Il utilise ainsi des monnaies byzantines et d’autres Iianiennes (voir planche sur feuille à part). Plus tard il y eut création de monnaie purement arabe sans figuration de personnage mais avec texte en arabe, profession de foi musulmane religion d’état)

En 702 le calife exige  que l’arabe soit la langue de l’administration en remplacement du grec ou du perse. Les fonctionnaires doivent apprendre l’arabe sérieusement pour l’écrire. De cette décision découle l’arabisation de la population non arabophone initialement. Cette décision entraîne aussi le perfectionnement de l’écriture. Plusieurs systèmes de vocalisation sont mis en place pour l’expression des voyelles.

2.5.2       Les courants d’idées sous les Omeyyades

Le proche orient sous les Omeyyades n’est pas étranger aux courants des idées – notamment sur le plan religieux. Les Arabes sont en contact avec des populations variées sur le plan de la langue et de la religion. Il y avait des chrétiens mais aussi des peuples qui n’avaient pas été christianisés et qui sont passés directement du paganisme à l’Islam.  

2.5.2.1     Mazdéisme

En Iran la masse des populations suivait le néo-zoroastrisme  (Mazdéisme) mais certains suivaient des cultes païens. Au sein du Mazdéisme officiel, il y avait des courants divers : des courants dualistes radicaux qui avaient parfois des aspects sociaux. Sous les Sassanides il y avait un courant communiste radical (mise en commun de tout : biens, femmes, enfants… !).  Des révoltes se produisaient à partir de ces courants religieux.

2.5.2.2     Manichéisme

Une religion discrète, le Manichéisme, était interdite dans l’empire byzantin mais aussi dans l’empire perse. A l’époque de la conquête, le Manichéisme relève la tête. Jusqu’à l’époque abbasside, cette religion manichéiste restera à Ctésiphon.

2.5.2.3     Débat avec les chrétiens. 

Un auteur célèbre, St Jean Damascène, il avait pris la suite de son père dans la haute administration. Il devint ensuite moine à St Savace en Palestine près de Jérusalem. Il eut des discussions avec les représentants de l’islam sur la nature du verbe divin, le libre arbitre et la prédestination. (voir Ecrits sur l’Islam – Sources chrétiennes n°383)

2.5.3       L’Iconoclasme

A cette époque eut lieu dans l’empire byzantin d’Orient la querelle iconoclaste. Omar 2 et Yazid 2 ont pris à l’instar des empereurs de Constantinople des mesures iconoclastes. Cet l’édit officiel de Yazid 2 est confirmé par des archéologues qui, dans les églises ou basiliques, ont trouvé des martelages de mosaïques pour effacer les visages (sur le mont Nébo). Des manuscrits ont été également expurgés de toute représentation humaine. Ces édits n’ont pas toujours été suivis d’une manière systématique et n’ont pas été prolongés. Les autres califes ommeyades n’ont pas poursuivi cette politique et ont laissé les Chrétiens tranquilles.

2.5.4       Déclin des Omeyyades

Le troisième calife important fut Hishâm . Ces trois grands califes ont réussi à maintenir l’empire dans son ensemble mais la plu-part des autres ont été frivoles et se sont désintéressés des affaires de l’état. On en arrive ainsi à la chute de la dynastie Omeyyades qui ne s’était maintenue que grâce à des personnage dévoués. Citons Al Haggag – Haddjâdj – GA&gh^lA  . Pendant vingt ans il a bien servi les Omeyyades en maintenant l’ordre contre les soulèvement en Irak et en Iran.

2.5.5       La fin des Omeyyades

En Irak et en Iran les révoltes se développèrent. Ces révoltes étaient parfois animées par les autres membres de la famille Qurach en particulier les Chiites. Mais chez les Hachémites, se trouvaient des partisans de Abbas. Au nom de l’héritage de Muhammad la famille essaye de se rallier les Iraniens nouvellement convertis à l’Islam et capables de lever des armées au service de la domination arabe. Les Abbassides arrivent à leurs fins. Ils chassent les Omeyyades de l’Iran oriental, avancent vers l’Irak et bousculent les armées omeyyades divisées . Le dernier Omeyyade, Marwân2, ne peut résister et capitule. Les Abbassides proposent une réunion de conciliation au cours de laquelle ils massacrent presque tous les princes Omeyyades sauf un qui s’enfuit en Espagne et y fonde une dynastie.

2.6        Les Abbasides  -  Bagdad

2.6.1       Le pouvoir abbasside

La dynastie abbasside qui s’est installée grâce aux non arabes, est rapidement reconnue dans tout l’empire arabe. Le nouveau pouvoir abbasside ne suit pas l’impiété des Omeyyades que les religieux ou docteurs de la loi leur reprochaient. Ils islamisent la société arabe mais aussi les peuples conquis et codifient. La société devient pluriethnique et l’islam y joue le rôle de ciment. La codification de la loi musulmane apporte des précisions sur les institutions. Les relations avec les non-musulmans sont précisées. Sous les Abbassides la société musulmane prend le pas sur l’antiquité, alors qu’avec les Omeyyades c’était le prolongement de l’antiquité. On entre dans le moyen âge musulman.

Le premier homme fort de la dynastie Abbasside est Saffâh  (= généreux – sanglant ! 749-754) Il règne quatre ans et passe son temps à réprimer les révoltes, à éliminer ses anciens partisans qui l’avaient amené au pouvoir, et à réprimer les Chiites qui pensaient que la révolution se serait faite pour eux.

2.6.2       Fondation de Bagdad 762 – la cité ronde d’al-Mansour

Le véritable fondateur est le deuxième calife : Al Mançûr (celui que Dieu rend vainqueur 754-775) Il comprend vite qu’il ne doit pas rester à Damas qui n’occupe pas une position centrale et est trop loin de l’Iran. Il choisi en Irak un lieu pas trop loin du fleuve du coté de Ctésifon :  Al Madâ’in ( pluriel de Médine), près d’un village nommé Bagdad peuplé de Chrétiens. Bag –dâd : nom iranien Bag=dieu, riche  (l slave borg), Dâd = fondé par (tiqemiqésiç )  fondé par la divinité.

Al Mançûr rachète une partie des terres et y construit une ville. Conseillé par des iraniens du Korason, il fait construire la cité ronde sur la rive droite du fleuve. C’est une conception iranienne du palais-forteresse.  La ville était circulaire, de 2600m de diamètre, à laquelle donnaient accès quatre portes disposées sur les bissectrices des points cardinaux. Ces portes mènent aux quatre parties du monde (il y a cinq parties du monde y compris celle où l’on se trouve. La ville comportait trois enceintes concentriques. Au centre, un palais et une mosquée occupaient le milieu d’un vaste parc. La nouvelle Bagdad est fondée en 762 et reste la capitale de l’empire juqu’à sa prise par les Mongols et la chute de la dynastie en 1258. La ville ronde fut trouvée dangereuse pour le pouvoir : le calife peut y être pris au piège. Les califes vont donc faire construire d’autres palais sur l’autre rive du fleuve et des accès sur le fleuve avec des navires pour s’échapper…( cf. Architecture islamique page 36)

2.6.3       Le calife abbasside

Les Califes abbassides sont les lieutenants du prophète dont ils gardent quelques reliques. Ils assument un rôle religieux et portent le titre de « prince des croyants ». Ils prennent ce titre très au sérieux, prétendent avoir une légitimité que d’ailleurs leur contestent les Chiites. Le calife doit assumer l’application de la loi musulmane dans l’état beaucoup mieux que ne l’avaient fait les Omeyyades. Lorsque le pouvoir du calife se sera affaibli il gardera toujours le pouvoir de nommer les Cadis : les juges musulmans.

2.6.4       Histoire des Abbassides

Cours du 22 janvier 2003

Après l’établissement de la dynastie abbasside en 750,  les califes de Bagdad sont à la direction d’un empire qui est au cœur de l’histoire de l’Islam classique. C’est sous les Abbassides que les grandes institutions tant religieuses que politiques ou culturelles se mettent en place, d’une manière définitive, surtout les institutions religieuses et culturelles, puisque, jusqu’à aujourd’hui, les grandes références dans le monde musulman sont des références qui datent de cette période. D’où l’importance de cette dynastie dans l’histoire.

Dans cette partie du cours, nous verrons les luttes politico-religieuses qui se poursuivent et déterminent les branches religieuses, en particulier les tendances sunnite et chiite.

2.6.4.1     Périodisation

Voir Atlas page 23, la liste des califes, et les tableaux historiques. Dictionnaire Sourdel p. 11

2.6.4.2     Situation en 750

Quand en 750 la dynastie Abbasside prend le pouvoir, l’empire soumis aux califes va de l’actuelle Tunisie qu’on appelait alors Ifrîquiyya (africa mot latin désignant la Tunisie d’aujourd’hui élargie – Carthage ….) jusqu’à l’Asie centrale : la Transoxiane, au-delà du fleuve Oxus (appelé aujourd’hui d’un mot persan Aboudaria). Ce territoire confine aux territoires chinois à l’Est. La seule partie du Proche-Orient que l’empire abbasside ne comprendra jamais c’est la majeure partie de l’actuelle Turquie qui constituait l’empire romain d’orient. Par ailleurs, l’Espagne sous les Omeyyades n’a jamais été soumise aux Abbassides.

2.6.5       Emancipation des territoires éloignés de Bagdad

Le territoire représentant l’extension maximum de l’empire abbasside ne sera pas tenu en totalité par les Abbassides pendant toute la durée de l’empire. Dès la fin du IX on voit des dynasties locales s’émanciper.

2.6.5.1     Emancipation à la fin du neuvième siècle

A l’est, comme en Iran les Samanides, dynastie issue de nobles locaux iraniens, les Saffârides et les Tâhirides issus de généraux (« condottiere ») dans des régions aux frontières mal définies, sont au service ou soumises au califat de Bagdad et payent les impôts qui lui sont dus.

A l’Ouest, ce sont en Egypte les Tulinides et, dans l’Ifriquiyya, les Aghlabides.

Petit à petit ces dynasties obtiennent une autonomie de fait. Le califat de Bagdad garde un certain contrôle jusqu’en 945.  Toutefois dès la fin du IX le califat est très affaibli et les dynasties locales d’autonomes deviennent réellement indépendantes  à l’exception de l’Iran lui-même. La Syrie échappe en grande partie au pouvoir des califes malgré sa proximité. Alep sous les Hamdanides est quasiment indépendante. Cet affaiblissement progressif du califat aboutit en 945 à une situation où il va perdre, à la suite de bouleversements politico-religieux Chiites, même le pouvoir nominal.

2.6.5.2     Emancipation au dixième siècle – Contrôle des Buwayides

A partir de 945 jusqu’en 1071 l’empire abbasside se voit amputé des territoires qui reconnaissaient officiellement l’autorité de Bagdad.

Ont déjà échappé à l’ouest : l’Egypte, la Syrie, la Palestine dominées par les Fatimides. L’Ifriqiya sous les Zirides.

A l’est de Rey (actuel Téhéran), les dynasties iraniennes s’étaient rendues indépendantes.  L’empire abbasside se trouve alors sous le contrôle d’une famille iranienne qui va fonder une dynastie, les Bouyides (ou Buwayides – forme arabe) Le premier Buwayide entre à Bagdad et met en tutelle le califat abbasside. L’empire abbasside se confond avec les Buwayides. Quand, à partir de 1071, la famille Bouyide commence à s’affaiblir à cause de dissensions internes, une nouvelle période va commencer (1071 – 1258)

2.6.5.3     Invasions des turcs au onzième siècle – les Seldjoukides

Entre 1050 et 1071 les Buyides sont soumis à des invasions turques : les Seldjoucides (Seldjoukides) Ce sont des turcs très iranisés. Ils balaient les Bouyides et règnent sur un grand empire qui va de la Syrie jusqu’à la Transoxiane et englobant le Khorassan. Il y avait une différence religieuse. Les Bouyides étaient des Chiites très modérés alors que les Seldjoukides sont des Sunnites militants ; mais pour autant la situation ne s’améliore pas pour les Abbassides sunnites. Au contraire, les Turcs Seldjoukides imposent aux califats des conditions draconiennes. L’autorité effective du califat de 1071 à 1258 est réduite à  Bagdad et à la moitié sud de l’Irak. Pendant cette période le califat abbasside fait figure d’une sorte de pape et est respecté en tant qu’il symbolise la religion musulmane dans sa version sunnite. En particulier pendant la période de grande puissance des Seldjoukides entre 1071 et 1150, le califat est assujetti au sultan Seldjoukide et à ses successeurs les Atâbeg 

L’arrivée des Turcs dans la région se fait par immigration progressive ; ils s’islamisent au contact des Iraniens qui à l’époque sont sunnites.

2.6.5.4     Réveil des Abbassides au douzième siècle

Du fait de l’affaiblissement de l’empire Seldjoukide au cours du XII et en l’absence d’un puissant voisin, le califat abbasside reprend de l’autorité (entre 1150 et 1258)

En 1258 un « ouragan » venu de Mongolie, les troupes mongoles, déferle sur Bagdad mettant fin au califat abbasside de Bagdad.

2.7        Développement intellectuel sous les Abbassides

2.7.1       Apogée du califat abbasside

L’époque d’apogée de l’empire (puissance politique et militaire) se situe sous les dix  premiers califes.

A l’exception des Nestoriens, les chrétiens ont eu à souffrir des Abbassides.

La nature du régime sous le califat a changé à l’arrivé des Abbassides ; cela se voit dans l’appellation même des califes.

2.7.1.1     La fonction de calife

Sous les Omeyyades, le calife était le successeur de Muhammad, celui qui vient après, le lieutenant. Rhalisatou rasoul illa  successeur de l’envoyé de Dieu

Sous les Abbassides on hésite entre deux appellations : soit le successeur de l’envoyé de Dieu,

 i¤&llä  Lwus^r  Öfylô

soit  le calife est le lieutenant de Dieu sur terre – L’ombre de Dieu sur terre

Tillu Allah rala al rs   S°rA  @^l^( i¤&llä  u&Li$

 

On voit là le retour des vieilles hiérarchies royales iraniennes, mais islamisées.

Ces titres allaient de pair avec l’étiquette de la cour. La monarchie était absolue. La seule limite est celle des règles de la loi religieuse. C’est l’époque où l’Islam se codifie sous sa forme juridique. Le calife est le chef suprême devant qui le gouvernement est responsable collectivement et individuellement, Il est le chef suprême des armées. Il est fréquemment à la tête des troupes durant les opérations, notamment contre les Byzantins. Sans être le chef spirituel il est le garant de l’ordre religieux (il n’y a pas de clergé ni de sacerdoce ni de hiérarchie de clercs en Islam, même s’il y a une hiérarchie de docteurs de la loi). (Les Omeyyades n’avait pas ce pouvoir). Les docteurs de la loi lui reconnaissent le droit de décider de l’interprétation de la loi et d’imposer la bonne doctrine – ce que certains feront -. C’est lui qui nomme dans tout l’empire les cadis c’est à dire les juges religieux qui jugent selon la loi islamique. Même aux périodes les plus sombres du califat (ex Râdî 19e au plus bas du califat), les califes abbassides ne renonceront pas à cette responsabilité de nommer les cadis.

2.7.1.2     Mise en place de l’administration

2.7.1.2.1   Le Vizirat

                  Vizir               <Vezi          <vazir         <wazîr               wazara = être chargé

                  Fr                    turc             persan        arabe                             d’un fardeau.

Cette fonction n’existait pas sous les Omeyyades. C’est une nouveauté reprise d’une fonction sassanide en Iran. Les Sassanides avaient placé en tête de l’administration un personnage que l’on appelait en Pehlvi (moyen perse- langue officielle sous les Sassanides)  Wuzurg - Framâdâr  le Grand ordinateur. (Wuzurg serait peut-être à l’origine du mot wazîr) Cette fonction de vizir vient bien de l’Iran.

Le Wazir ou vizir est unique à la tête du gouvernement et de l’administration. Il est nommé uniquement par le calife, est responsable devant lui et est révocable à tout moment. Cette charge est dangereuse, beaucoup de vizirs termineront mal. Le vizir a en charge la conduite du quotidien : finances, impôts, taxes  et dépenses. Il s’occupe de la solde de l’armée. En revanche, il ne s’occupe pas de la judicature qui est du ressort du calife. Il participe avec le Calife aux relations avec les états voisins de l’empire. Il est le responsable de la police et de la sécurité publique. Dans les périodes de grande puissance des Abbassides, le vizir est sous le contrôle du calife ; mais à partir du XI siècle les vizirs sous des califes faibles vont souvent être le jouet des intrigues de cour où participent les chefs militaires. Ce sera souvent une fonction à très haut risque. A certaines époques limitées, on verra deux vizirs à la tête du gouvernement avec toujours l’un des deux au-dessus de l’autre, mais jamais plus de deux ; parfois l’un des deux est un ancien vizir arrivé à un grand âge  qui fait profiter l’autre de son expérience dans certains domaines.

2.7.1.2.2   Le Dîwan

Sous l’autorité du vizir il y avait des bureaux : le Dîwân. Le mot est passé en Turquie pour désigner le conseil des ministres à Constantinople ; puis le lieu où s’assemble les chefs de bureau ; puis les sièges pour ces ministres… (c’est une catachrèse suite de métonymies…) (Sous les Omeyyades ce mot désigne un recueil d’écrits, les œuvres complètes d’un poète et la définition du rôle de l’armée).

Il y avait des ministères spécialisés : le diwan de l’armée,  le diwan des finances, le bureau des plaintes…A la tête de chaque diwan il y avait un Kâtib  ( Bita^k – scribe – chef - participe présent), c’est à dire un secrétaire d’état. Le Kâtib est un très haut personnage sous les ordres du vizir. Du Kâtib dépendait une multitude de petits katibs subalternes avec une hiérarchie des Kûttabs. Jusqu’à l’arrivée des Seldjoukides (milieu du XI siècle), une majorité de ces fonctionnaires était des Chrétiens, surtout de l’Eglise nestorienne. Cela provoquait la jalousie et les protestations régulières des Musulmans. D’où des licenciements suivis de réembauche discrète un peu plus tard.

Cette administration était remarquable – voir Le vizirat abbasside de Sourdel édité au Liban.

Au début les fonctions de l’administration n’étaient pas définies par écrit, bien que cette organisation ait été en continuité avec celle des Sassanides. Un grand théoricien du califat sunnite est Mâwardi (m. 1058) qui vivait à Bagdad à la fin de la période bouyides Mawardi négocie l’entrée des . Il est l’auteur d’un ouvrage sur la théorie du califat :

 YinaùlslA  MakjalA    °B^tik 

traduit par Fagnan (Alger 1930) où Il définit les conditions pour être calife. En particulier ce dernier doit être issu de la tribu des Quraychites (tribu de Mahomet) mais pas forcément descendant de lui car il s’agit de Sunnites et non de Chiites). On raconte que Selim, qui s’est emparé du Caire au XVI siècle, se serait marié avec la dernière fille du calife abbasside du Caire pour que sa descendance soit Quraychite.

2.7.1.3     Evolution politique générale sous les califes Abbassides

L’apogée sur tous les plans : politique, militaire, et culturel se situe sous le fameux calif Rashîd (Hârûm ar -) cinquième abbasside, héros des « mille et une nuits »  qui a régné de 786 à 809. Sous son califat disparaît tragiquement la fameuse dynastie de vizirs iraniens des Barmécides (Barmakides) d’origine bouddhiste et convertie  à l’islam. Il étaient trop puissants et à l’occasion d’un prétexte, Rashîd a fait tuer toute la famille, fait couper en deux le corps du vizir et l’a fait suspendre à un pont de Bagdad…

2.7.1.3.1   Les Chrétiens dans l’administration

La charge de vizir et les plus hautes charges de l’état se concentraient dans les mains de puissantes familles dont certaines étaient chrétiennes en particulier chez les Nestoriens. Ils étaient formés dans un couvent : Deir Al Kunna  où apprenait l’arabe, le syriaque et les sciences l’élite de la haute et moyenne administration abbasside.

2.7.1.3.2   La médecine

A la cour parmi les personnages très importants se trouvait le médecin. Il y avait tout un corps hiérarchisé de médecins avec à leur tête un archiatre  i(a&^biùala Sy^r      raîs al tibbâ  (dans la littérature arménienne on parle du drûstabed) . A l’époque abbasside, tous ces médecins étaient des chrétiens nestoriens formés à l’Académie médicale de Gundisâpûr.  Dans cette ville il y avait un centre de recherche médicale (soin et expérimentation sur les malades) et un hôpital (Bîmâristân, mot iranien passé à l’arabe) où l’on soignait les pauvres. L’institution de cette sorte d’hôpital avait été créée par un évêque byzantin dans l’empire romain d’Orient et les Chrétiens de l’empire perse avaient demandé au shah sassanide de créer cette institution à l’image de ce qui se faisait à Byzance. A la cour plusieurs dynasties de « médecins royaux » avaient une très grande influence auprès des califes ; ils avaient des avis à donner sur les nominations de patriarche et pouvaient influencer le sort des chrétiens. Une famille célèbre porte le nom irano-syriaque de Bôhtîsô’ ou Bôkhtichô (Jésus-sauve) : elle exerça pendant 150 ans (8 médecins-chefs). Ces médecins écrivaient des ouvrages médicaux.

2.7.1.3.3   Les crises

Au-delà du cinquième calife abbasside des crises à répétition à l’occasion des successions se produisent. La succession de Rashîd donne lieu à une guerre entre deux prétendants demi-frères Al Mamûn, fils d’une femme iranienne, et Al Amîn, fils d’une femme arabe ; ce dernier ne règne que quatre ans (809-813) dans l’anarchie et fini déconsidéré et assassiné par les troupes iraniennes d’Al Mamûn qui est porté au pouvoir à la suite de son frère.

2.7.1.3.4   Enrichissement de la culture sous Mamûn (813 – 833)

Mamûn est très célèbre pour deux raisons c’est un personnage intelligent et cultivé et son objectif majeur est d’enrichir la culture arabe de tout le savoir disponible. Ce n’est pas dans la poésie bédouine pour belle qu’elle soit qu’il pouvait trouver ce savoir ; mais dans  les œuvres grecques, persanes et indiennes qu’il faut traduire. Et pour réaliser cela, il créé à Bagdad une maison de la sagesse (beit    Ömakj la T°y^b ) une institution qui rassemblait une bibliothèque importante et réalisait les traductions en arabe. Il entretient une correspondance importante avec l’empereur de Constantinople ; il envoie des missions pour ramener des livres grecs de science et de philosophie.  Pour les traductions en arabe, Mamûn trouve des collaborateurs compétents parmi les Chrétiens désignés du fait qu’ils connaissent non seulement les langues sources mais aussi les techniques décrites. Un des plus grands traducteurs est Hunayn ibn Ishâq (m.873) (Le petit Jean fils de    ,en latin il est connu sous le nom de Johannitius) son fils, son neveu et la famille continuent son œuvre jusqu’au dixième calife Mutawakkil. En l’espace d’une centaine d’années « tout » a été traduit. A la cour, c’est l’Arabe classique qui est employé surtout pour les ouvrages écrits mais peu à peu c’est un arabe dialectal qui est utilisé pour la vie quotidienne (on laisse tomber la flexion).

2.7.1.3.5   Aspect idéologique de l’œuvre de Mamûn – le Murtazilisme

L’entreprise de traduction a une grande influence sur la civilisation islamique en général bien que ce soit les Chrétiens qui en soient les acteurs. La curiosité intellectuelle de Mamûn le conduit à un certain rationalisme. En matière de théologie, Mamûn est conduit à des positions qui le rapproche des théologiens qui étaient déjà actifs sous les Omeyyades : les Mu’tazilites. Le Murtazilisme c’est dans l’Islam une tendance théologique qui introduit la scholastique dans la théologie : nature de Dieu, attributs divins, la toute-puissance divine compatible avec la liberté. Les débats avec les Chrétiens sous les Omeyyades  (saint Jean Damascène) avaient engagé la réflexion sur ces sujets. Mais à l’intérieur de l’Islam cette réflexion prend progressivement de la distance avec les  débats avec les Chrétiens et se précise une doctrine. (cf l’Encyclopédie de l’Islam sous l’article Murtazilite – dic. Sourdel p607). La thèse de la parole de Dieu créée ou incréée cristallise les discussions. La logique grecque a de l’influence dans les milieux intellectuels musulmans et favorise la pensée murtazilite. Le calife Mamûn impose le Murtazilisme. Il impose la thèse du Coran créé  à tous les cadis. Les Cadis sont des docteurs de la loi qui sont aussi des théologiens et ont un avis non seulement en droit canon mais aussi en théologie. Ils ont une grande influence car ils ont un rôle d’enseignant.

Comme il y a des résistances, Mamûn créé un formulaire par lequel  il fait accepter la thèse du Coran créé. Le principal opposant Ibn Hambal fondateur des Hambalistes (dont est dérivé le waabisme) ; refuse de signer le formulaire et des émeutes ont lieu. La Mirhna – persécution prend fin à la mort de Mamûn en 833

2.7.1.3.6   La nouvelle capitale de l’empire : Sâmarrâ  (836 à 892)

Les deux successeurs de Mamûn : Mu’tacim (833 – 842) et Wâthiq (842 – 847), suivent la même politique de soutien au murtazilisme . Comme il y a des émeutes à Bagdad, en 836 le calife Mu’tacim fait construire un immense complexe de palais et de casernes à Sâmarrâ à 80 kms au nord-ouest de Bagdad près du fleuve ; c’est là la nouvelle capitale de l’empire de 836 à 892  la résidence ordinaire des califes. Il s’entoure d’une nouvelle garde prétorienne constituée de soldats turcs, des esclaves achetés en Asie centrale et formés dans les casernes. C’est ainsi que les Turcs s’introduisent peu à peu dans les états musulmans et commencent à monter dans la hiérarchie et assez rapidement il y aura des généraux turcs.  . 

Sur le plan religieux, les califes abbassides continuent la politique de Mamûn  ce qui les rend impopulaires. Mais de plus leur isolement à Samarra les rendent prisonniers et dépendants de leur garde prétorienne. Lorsque le calife Al Wâthiq meurt en 847. Mutawakkil lui succède et renverse la politique religieuse.

2.7.1.3.7   Abandon du Murtazilisme par Mutawakkil (847 – 861)

Mutawakkil change la politique religieuse : il interdit le Murtazilisme libère Ibn Hambal à qui la population fait un triomphe et prend des positions traditionalistes qui seront jusqu’à la chute du califat celles des califes de Bagdad, lesquels soutiendront,  au sein du Sunnisme les positions traditionalistes. Ces tendances vont de pair avec des mesures contre les non-musulmans de l’empire  : interdictions relatives aux vêtements, prescription d’un signe distinctif du genre « rouelle »  (rouelle bleue pour les chrétiens, rouelle jaune pour les juifs, rouelle marron pour les mazdéens et une rouelle - - - - pour les sabbéens ), interdiction d’utiliser le cheval, d’occuper le haut du pavé dans les rues. Ces mesures sont très mal reçues. Cela n’empêche pas les califes d’employer les Chrétiens, en particulier les médecins. Ces mesures touchaient surtout le bas peuple et tombaient vite en désuétude.

2.7.1.3.8   Affaiblissement du pouvoir des califes

Mutawakkil, malgré un regain relatif de popularité est finalement assassiné avec son favori en 861. (Lorsque les califes étaient à Bagdad, ils étaient vus du peuple le vendredi lorsqu’ils se rendaient à la mosquée mais à Sâmarrâ ils furent isolés du peuple.) C’est le début d’un affaiblissement du pouvoir personnel des Abbassides jusqu’au dix-neuvième calife Râdî.

Il règne une telle insécurité que Râdî nomme un émir des émirs ( çArmala ryimä )  chargé de maintenir l’ordre et la sécurité en Irak et à Bagdad (936). Le pourvoir des califes est au plus bas et à la merci de généraux.

2.7.1.3.9   Arrivée des Bouyyides

C’est à cette époque que les Bouyyides pénètrent dans Bagdad. Ils provenaient du  Daylam (montagnes au nord de Téhéran). Armed le Bouyyide aveugle le calife Al Mustakfî (944–946) qui n’est pas assez docile et nomme Al Muti’  - le docile -  >yiùum   (946-974)

La mise sous tutelle est telle que c’est l’émir qui décide des émoluments du calife.

Ce qui change entre la période bouyyide et la période seldjoukide c’est que les Seldjoukides prennent le titre de Sultan  (= le pouvoir en syriaque)  (les bouyyides sont chiites duodécimins alors que les Seldjoukides sont sunnites.

 

Cours du 5 février 2003

3         Les divisions dans l’islam

« Les premières querelles politiques, touchant la succession au califat, donnèrent naissance à des mouvements sectaires, n’appartenant à aucune des quatre écoles juridiques reconnues et s’écartant plus ou moins, par leur doctrine, de l’islam officiel. Le plus ancien est celui des kharidjites, partisans d’Ali, qui se divisèrent en plusieurs sectes dont les Ibadites. » (D. Sourdel) Voir plus haut §2.1.4.1.2 la fin d’’Ali.

 

Le monde de l’islam est divisé en trois groupes : les Sunnites, les Chiites et les Kharidjites.

3.1        Les Sunnites

Les Sunnites représentent environ 90% de l’islam au XX siècle. Sunna signifie « tradition »en arabe. Ce sont les musulmans qui se réclament particulièrement de la Sunna de Muhammad. C’est à dire la tradition établie par le prophète. Cela ne veut pas dire que les autres musulmans ne se réclament pas de la tradition mais avec des variantes.

3.1.1       Dissidences dans le sunnisme :

Les Ahmadiyya subsistent dans les Indes, au Pakistan où ils ont été légalement rejetés de la communauté musulmane par le parlement. Ils sont modernistes et ont joué un grand rôle dans la modernisation des mentalités musulmanes. Les Ahmadiyyas se subdivisent en Qadyanites et en Lahorites.

Il n’y a pas eu réellement de schisme dans le Sunnisme car il fait la place à des sensibilités religieuses très diverses. Il a aussi de grandes capacités d’intégration de coutumes (par exemple en Afrique) et sa flexibilité l’a amené à intégrer des groupes très divers.

3.2        Les Harigites ou Ibadites.

Les représentants de cette dissidence sont environ 1% des musulmans On les trouve principalement en Afrique du nord dans le Mzab (Ouargla). Les Mozabites habitent dans le sud algérien : c’est un groupe géopolitique assez fermé. Ils étaient mal vus par les sunnites et les chiites. Dans le Sultanat d’Oman l’Ibadisme est la religion officielle, le sultan y est Ibadite et, malgré une proportion importante de Sunnites, c’est le droit ibadite qui est appliqué. On en trouve aussi à Zanzibar. Les Ibadites sont réputés pour leur grande intégrité morale ; les commerçants ibadites sont considérés comme honnêtes ! Il y a une tendance rigoriste chez eux.

3.3        Les Chiites

Le Chiisme est subdivisé en de nombreux sous-groupes ou sectes. Il y a trois groupes principaux de chiites : les Zaydites, les Imamites et les extrémistes.

3.3.1       Les Zaydites

Les Zaydites sont les plus proches du Sunnisme ; ils  ne subsistent actuellement qu’au Yémen du nord où ils sont apparus au neuvième siècle. Jusqu'à ce que Nasser ait envoyé des troupes au Yémen pour en chasser l’imam en 1958, le pays était officiellement un pays zaydite. La population y est majoritairement zaydite ; le souverain était un chef temporel et religieux. La famille de l’imam réside actuellement en Arabie saoudite. Historiquement, le zaydisme a été présent dans le Tabaristan en Iran du nord ; la dynastie bouyide appartenait à la branche la plus modérée du chiisme mais depuis l’époque des califes le zaydisme a complètement disparu de l’Iran. Les zaydistes sont chiites en ce que, sur le point dynastique, ils n’admettent que les descendants d’Ali et Fatima. Sur le plan théologique, ils sont de tendance rationaliste. La théologie zaydique est proche du mouvement des Mutazilites du sunnisme. On ne trouve pas de culte officiel aux saints ni aux descendants d’Ali ou Fatima ; les autres chiites vouant un véritable culte aux Alides. Les Zaydites forment environ 5% des chiites.

3.3.2       Les Imamites ou Duodécimains.

Ils sont appelés ainsi parce qu’ils vénèrent une lignée de douze Imams. Ils constituent environ 80% des Chiites.  C’est le groupe le plus important des chiites et souvent ont les désignent seulement comme « chiites » sans préciser plus. Depuis 1500, le chiisme duodécimain est la religion officielle en Iran. On en trouve aussi de très importants groupes en Irak où ils représentent à peu près la moitié des musulmans. Des groupes importants se trouvent au Liban (40% des musulmans avant la guerre et maintenant 60%) Des petits groupes en Syrie, Arabie saoudite dans la région de Al-Azhar qui est une ville près de la côte du golfe persique et dans l’île de Bahrayn (Bharein) aussi bien chez les arabophones que les iranophones. A l’est, en Afghanistan, environ 10% dans les régions frontalières avec l’Iran, particulièrement dans la région de Hérat. Il y en a très peu en Asie centrale. Au Pakistan ils forment 15% de la population (très calmes) ;  et en Inde ils sont très peu nombreux.

L’Imamisme ou Chiisme duodécimain est classé dans le chiisme modéré. Cette modération est estimée par rapport au dogme et non aux expressions extérieures de la religion. L’appartenance à l’Islam des Imamites n’a jamais fait de doute pour les Sunnites alors que des doutes se sont parfois élevés pour les Kharidjites.

3.3.3       Le Chiisme « extrémiste » öaluè  .

Cette qualification est à  prendre au niveau de la croyance par rapport aux sunnites. Ils exagèrent :  Gulât, c’est ceux qui exagèrent dans leurs croyances dans les Imams. Quelques groupes vont jusqu’à diviniser ‘Ali ou certains de ses descendants. Si l’on va trop loin, les théologiens sunnites considèrent que l’on sort de l’Islam ; ainsi les ‘Alawites sont des Guluww, des exclus de l’islam.

Parmi eux, on trouve plusieurs tendances. Chaque mouvement dissident dans le chiisme doit sa naissance à une rupture au sein du chiisme à l’occasion d’un problème de succession dans l’imama. Chaque fois qu’il y a eu un désaccord sur la désignation d’un nouvel imam, autour de la prise de position pour l’un ou pour l’autre des nouveaux imams reconnus par les uns et les autres, se sont cristallisées des tendances   doctrinales qui étaient jusqu’alors maintenues.

3.3.3.1     Alawites - Nusayri   &Yir°yxun  

Leur nom qui vient de Ali : partisants de Ali  ‘alawî    Yiw^l^(. Ce mouvement est né au IX siècle en Syrie. Les Alawites sont aussi dénommés Nusayri  &Yir°y^xun ; ce nom pourrait provenir de Nusayr dont ils seraient partisans ; mais dans une autre interprétation ce mot viendrait d’un diminutif de Nasârâ  @^rax^n  qui veut dire chrétiens en arabe (on a dit parfois : des petits chrétiens… ) Les Nusayris sont synchrétistes. En plus du Coran qu’ils interprètent d’une manière allégorique (manière échevelée !), les Alawites ont des livres sacrés dont certains sont tenus secrets. Ces livres sont gardés par des docteurs qui les maintiennent dans les familles. Sur le plan du culte, les Alawites ne vont pas dans mosquées sunnites sauf au début de leur vie religieuse pour l’initiation. Il y a des grades dans l’initiation à la vie religieuse. Les Alawites ont une espèce de rite où, après consécration, l’on consomme du pain, du vin et du fromage. Historiquement en Syrie on les a vu aller volontiers dans les églises. A l’époque ottomane, ils changeaient volontiers de dénomination : sunnites ou même chrétiens ; puis dès que la pression se relâchait ils redevenaient Alawites. Il n’y a pas de mosquée alawite mais seulement des lieux de culte pour la prière. Ils ont emprunté des rites au christianisme. Dans le détail leurs croyances sont assez mal connues. Ils ne révèlent pas leurs croyances et sont tenus au secret ; ils ne pratiquent pas le prosélytisme et n’admettent pas de conversion (comme les Druzes)

3.3.3.2     Alevi – Chiisme anatolien

Les Alevi en Turquie sont organisés en confrérie religieuse. (Alevi est la prononciation turque de Ali) Leurs croyances sont très proches de celles des Alawites.

3.3.3.3     Ismaéliens - Septimains

Les Ismaéliens ou Septimains divergent avec les Imamistes à propos du septième imam. Dans leur symbolique ils recourent plus au chiffre 7 alors que les Imamites recourent au chiffre 12. On les appelle aussi les Batinites.  Bâtin signifiant : le sens intérieur, l’ésotérisme, s’opposant au zâhir qui est l’extérieur, l’exotérisme.   Niùa^n   esw -- riha$   .

Ceci est une allusion à la tradition de l’interprétation des textes qu’il s’agisse du Coran ou les traditions issues de Muhammad ou même des imams. Un propos attribué à un Imam dit : Il y a dans le coran 7 sens et dans chacun de ces sens 7 autres.  Tout a un sens intérieur.  C’est de l’ésotérisme au sens propre. Au moyen âge on leur donnait le nom de Tarlimites de ta’lîm (enseignement) par référence à l’importance de l’enseignement des imams. La différence fondamentale d’avec les Imamistes c’est que ces derniers qui acceptent le sens ésotérique des textes et de la tradition, n’excluent pas le sens exotérique (le zahir). Les Imamistes sont très rigoureux sur l’aspect extérieur  (pas de poignée de main avec un impur avant la prière…)

Les Ismaéliens ne pratiquent pas les rites extérieurs comme les cinq prières quotidiennes. Ils n’ont pas un corps de docteurs constitué (clergé) comme les autres. L’ismaélisme s’est subdivisé en de nombreux mouvements ; mais il est venu au pouvoir dans sa version fatimide. Un prétendu descendant d’Ali a pris le pouvoir en Afrique du nord et a fondé la dynastie fatimide en Egypte où il a refondé Le Caire au X siècle. Les Fatimides y ont fondé l’université d’Al hazar pour former des missionnaires ismaélites. Ces missionnaires ont à leur tour fondé des groupes en Asie centrale, en Afghanistan et en Inde. 

Les Ismaéliens forment environ 15% des Chiites. L’une de leur branche la plus connue a pour chef l’Imam Aga Khan. Pour les Ismaéliens (comme pour les Imamites) l’Imam est le Mazram : une épiphanie de Dieu. Mazhar : lieu d’apparition.  R^h°$^m 

3.3.3.4     Les Druzes

Les Druzes sont issus des Ismaélites au X siècle (cf histoire des Fatimides) (D.I. 253)

Ce groupe de disciples a refusé de reconnaître le nouveau fatimide et s’attacha au calife fatimide al Hâkim (1021/412).

Les Druzes se sont enfuis d’Egypte au Liban (mont Hermon) et s’y sont maintenus jusqu’à aujourd’hui. Ils sont syncrétistes, ne font pas de prosélytisme et n’acceptent pas de conversion.

3.3.4       Le chiisme duodécimain  (80% des chiites)

Ce mouvement a pris naissance au sein du chiisme vers la fin du IX siècle en arrêtant la lignée des imams au douzième, l’imam Muhammad al-Mahdi.

1)                  Ali avec Fatima                                         Koufa

2)                  Hasan                                    669             Médine

3)                  Husayn                                  680             Kerbala

4)                  Ali Zayn al-‘Âbidîn                   712             Médine     (ornement des dévots)

5)                  Muhammad al-Bâquir               731             Médine     (celui qui recherche)

6)                  Ga’far al-Sâdiq                        765             Médine     (le véridique)

7)                  ‘Mûsà al-Kâzim                       799             Bagdad

8)                  ‘Ali al Rida                              818             Tûs

9)                  Muhammad al-Taqî                  835             Samarra

10)               ‘Ali al-Naqî                              868             Samarra

11)               Hasan al’Askari                       874             Samarra

12)               Muhammad al-Mahdî               874             en occultation

 

Le premier événement qui a opposé le mouvement chiite au sunnisme est la mort (martyre) de Husayn à Kerbela en 680. Husayn s’était laissé embarquer à la tête d’une révolte contre les Omeyyades. Il s’était aventuré dans le désert avec une petite troupe. Surpris par l’armée omeyyade Husayn et sa troupe furent massacrés. Il n’en réchappa. Seuls quelques femmes et enfants en réchappèrent ce qui permit à la dynastie de continuer. La tête d’Husayn fut envoyée au calife, puis au Khorasan non loin de Mashad. Ce « martyre » est commémoré pendant la sainte décade du premier mois de l’année lunaire musulmane. (‘Asurâ muharram  M&rjum  @^rwca^( ). Depuis le X siècle  cet anniversaire donne lieu à des représentations théâtrales du martyre de Husayn à Kerbela : Taziyé  Ye<^t  (flagellation de certains fidèles…) La première représentation à Bagdad s’est faite en 963 à la demande du souverain bouyide qui était lui-même chiite.

Jusqu’au cinquième imam, les chiites avec leur imam vont chercher à prendre le pouvoir par la force en suscitant des troubles et des révoltes. Ils contestent d’abord le pouvoir temporel comme le pouvoir religieux aux Omeyyades. A partir du sixième imam, au moment où la dynastie Abbasside a conforté son pouvoir, les imams de la branche imamite vont cesser de faire valoir leurs droits par les armes. Et des deux pouvoirs qui leur reviennent de droit selon la doctrine chiite : le pouvoir temporel (walâ’ al-mulk  KlumlA )al^w  ) et le pouvoir religieux ( walâ’ al dîm   Nyi& dlA )al^w ), ils se contenteront d’exercer le pouvoir religieux sur leurs seuls fidèles sans renoncer à leur prérogatives. Ils vivent dans la retraite comme des sortes de pontifes que les fidèles viennent visiter avec vénération. Ils dispensent leur enseignement religieux qui comporte divers degrés d’initiation (typique du chiisme).

Les propos des imams sont recueillis par les fidèles (question commençant par « puisse-je t’être sacrifié »… KA^dif  uY°l<ug  )

La consignation par écrit de l’enseignement des Imams qui vivent dans une retraite pieuse va durer jusqu’au onzième imam Hasan al’Askari. Le sixième Imam Ga’far al-Sâdiq qui a vécu longtemps et dont l’importance et l’influence ont débordé le chiisme et même le sunnisme est l’auteur du plus ancien commentaire du Coran attesté. Environ 60% des propos reconnus des imams proviennent de lui. Il serait également le fondateur du droit imamite, école de droit différent de celui des sunnites (héritage des femmes, abrogation par le fait que Fatima avait hérité de la moitié de la prophétie de Muhammad – mariage temporaire… de 48 heures à 99 ans.) . Selon les chiites, la plu-part des imams ont été persécutés par les Abbassides ce qui est sans doute vrai pour le huitième :  ‘Ali al Rida assassiné à Méchèd - Mashad  à l’est de l’Iran (le lieu du martyre), mourut après avoir bu un jus de grenade « mêlé »  Il avait été mis en résidence surveillée par le calife.

3.3.4.1     Le douzième imam. Al-Mahdi   -  &Yidh^m -

On ne sait rien dans les sources historiques sur le douzième imam. Seules les sources chiites donnent des informations. Le fils du onzième imam Hasan al’Askari était un bébé lorsque son père mourut. Pour le sauver, dans la crainte des Abbassides, sa nourrice l’aurait emporté par un souterrain. De là elle l’aurait conduit dans des lieux secrets. A partir de 874 date de la mort du 11ème imam commence la période de la Rayba : l’absence. De 873 à 940  c’est la petite occultation : le 12ème imam aurait vécu dans un lieu caché. (al Gaybat as-sugrâ  @r°v&uxlA Öby<lA) . Pendant cette période, l’imam donne ses instructions par l’intermédiaire de safîr ou waqîl  (agents). En 940 le dernier  de ces personnages déclare que l’imam ne reparaîtra plus avant la fin des temps. Le monde imamite est entré dans le Gaybat al kobra : la grande occultation.

C’est un point de grande divergence entre les chiites et les sunnites.

Le Mahdi : « l’homme bien guidé » n’est pas le même personnage pour les sunnites ou les chiites. Pour les sunnites le Mahdi c’est Jésus Christ qui reviendra pour chasser l’antéchrist et rétablir la loi de Muhammad. Pour les imamites le Mahdi c’est le douzième imam, alors que Jésus joue le rôle d’assesseur du Mahdi au jugement dernier. Le 12ème imam a la puissance sur le temps : il décidera de la fin des temps : Na^m&^zlA Bijax   Sâhib az zamam.

Les imams sont considérés comme des personnages supra-humains. C’est plus qu’un successeur de Muhammad chargé de faire appliquer la loi musulmane dans ses applications extérieures et juridiques. C’est aussi un maître spirituel parce qu’il est un maître divinement inspiré (notion étrangère au sunnisme) par exemple : lorsqu’un imam désire savoir quelque chose, il lui suffit de désirer savoir pour que la connaissance inspirée lui soit communiqué instantanément. Dans cette perspective une obéissance absolue est due à l’Imam. Jusqu’à un certain point, les docteurs de la loi ou les docteurs es sciences religieuses constituent un clergé qui a une autorité beaucoup plus grande que dans le Sunnisme. Un reflet de la connaissance et de l’illumination divine des imams rejaillit sur les docteurs de la loi. D’où une grande influence du clergé dans la société chiite.  Le chiisme imamite a constitué des groupes peu nombreux et sans influence importance sur la vie politique, sauf lors  d’émeutes écrasées dans le sang, notamment à Bagdad. Sous la dynastie abbasside il y avait une aristocratie chiite qui était payée par le calife et qui se tenait tranquille et qui pouvait être avantagée lorsqu’un vizir chiite était au pouvoir.

3.3.4.2     Ismaël 1er fondateur des Séféwides (règne de 1501 à 1524)

L’imamisme aurait terminé comme une petite secte (5%) mais en Iran à la fin  du XIV siècle se trouvaient des tribus turques de bonne culture, faibles militairement, qui s’étaient établies en Azerbaïdjan autour de la ville de Ardabîl. Un chef, Isma’îl a fédéré des tribus chiites proches des Alévis anatoliens connues dans l’histoire sous le nom de Qizil bâs (« têtes rouges » en turc). En 1502, il avait fait la conquête de l’Iran et s’est fait appeler Shah Ismaël fondant la dynastie Séfévide. Pour consolider son pouvoir Il oblige, par la contrainte, ses sujets à se convertir au chiisme, c’est un chiisme de forme modérée. Il fit venir des Imamites irakiens pour convertir et catéchiser ses sujets. La chiitisation de l’Iran s’est ainsi faite dans le sang. Ispahan a vu ainsi une partie de sa population décimée par le massacre.


Cours du 26/03/2003

4         Evolution intellectuelle et culturelle du monde arabe

Dans ce cour on se limitera à l’écrit. Il faudrait inclure dans cette étude les arts : la peinture et ce qui touche le statut de l’image, la calligraphie, la musique l’architecture etc. Mais il faut se limiter. On abordera ce qui se traduit particulièrement par l’écrit.

4.1        Les instruments linguistiques

A moment de la conquête Arabo-musulmane la langue arabe n’est pas encore une langue de culture, cependant cela ne signifier pas que les Arabes n’ait pas connu, bien avant le Coran et l’essor culturel postérieur, de littérature au  sens d’une littérature essentiellement orale. Depuis une antiquité assez reculée, en tout cas bien antérieure à la révélation islamique, le monde arabe a connu une diglossie telle qu’elle existe encore aujourd’hui.  Tous les arabophones connaissent leurs langues à deux niveaux. Depuis au moins deux milles ans et peut-être plus l’arabe se présente sous deux formes :

4.1.1       la Foushrâ   -  @^j°xuf Ö°<ul  -

La luga fushra, langue « très claire et éloquente » ou arabe littéraire existait déjà dans l’Arabie pré-islamique ; elle véhiculait de la poésie. C’est une langue très conservatrice dans sa morphologie mais aussi par rapport au sémitique commun : l’Accadien, la langue sémitique la plus ancienne. On retrouve notamment les trois voyelles fondamentales a, i, ou. Il a d’autre traits de conservatisme comme dans le vocabulaire, les règles de grammaires, les cas (3) proches du protosémitique. Cette caractéristique provientdu fait que cette langue était utilisée pour la poésie qui avait des règles stylistiques rigoureuses. La poésie était alors orale, il n’est pas certain qu’elle ait été écrite parfois. On raconte qu’il y avait des concours de poésie et que les meilleurs poèmes étaient écrits sur des rouleaux que l’on suspendait dans la Kaaba de La Mecke ; on appelle ces poëmes des « poêmes suspendus ». Mais cela est peut-être une légende. Elle était utilisée dans certains usages religieux. Les devins utilisaient la fushrâ dans une langue rythmée et rimée. D’autre part les bédouins l’utilisait dans les réunions intertribales. Dans les milieux arabophones christianisés avant la période islamiste il y a des indices que des prédicateurs comme les évêques de Najran faisaient les sermons en vers ou en prose cadencée en fushrâ, la langue littéraire. C’était une langue de prestige pour donner de l’importance à ce que l’on disait. L’écart avec la langue de tous les jours était alors relativement faible ce qui faisait que cette langue élevée était tout de même comprise de tous.

4.1.2       Les dialectes

Beaucoup de gens, actuellement, pensent que les dialectes « arabes » du Maroc à l’Irak seraient des déformations de la langue classique ; il n’en est rien. Les dialectes actuels sont les descendants des dialectes tribaux des conquérants de l’empire arabe. Cela explique la diversité de certain phonème (comme le ge – dge – gue  gamal dit guamal ou dgamal ou jamal…) Ce « gue » ne vient pas d’une déformation de l’arabe littéral mais du fait que les tribus qui ont conquis l’Egypte prononçaient ce phonème de cette façon. Il y a eut des influences locales qui, aujourd’hui,  rendent les intercompréhensions impossibles. Ces influences furent le latin en Espagne, le Berbère en Afrique du nord, le Copte en Egypte… .Actuellement la fushra est la langue écrite pour tout le monde arabophone, y compris pour les journaux. 99% de ce qui s’écrit est en Fushra.

4.1.3       Les formes de la Foush

La Fushra a évolué depuis la période préislamique des bédouins. On parle de la forme archaïque pour cette période. Cette forme est celle du Coran. Mais sous l’effet de l’acculturation la langue a évoluée dans le style et l’usage. A partir du VIII° siècle elle a été codifiée par les grammairiens, ce qui a contribué à la figer. Les grammairiens purifièrent la  langue en supprimant des anomalies ou des aberhations. La période classique va du milieu du 8ème siècle à la fin du 12ème ; ensuite la langue est figée et la créativité est moindre jusqu’au 19ème siècle où on assiste à un renouveau. Les chrétiens du Liban ont joué un grand rôle dans ce renouveau et dans l’effort d’adaptation à la vie moderne. On assiste aussi à une tentative d’utilisation comme langue parlée ; mais non sans difficultés car la langue fushrâ n’est la langue maternelle de personne. La langue arabe enseignée en France c’est la fushrâ, la langue classique, littérale, littéraire. La meilleur appellation c’est « classique ».

L’évolution linguistique dans le monde arabo-musulman n’a pas été partout la même : certain pays ont adopté d’emblé l’arabe d’autre comme l’Iran ont gardé leur langue locale. En Iran le littérature en persi est écrites avec des lettres arabes. Elle a donné des chefs d’œuvre. Le Persan est devenu une langue de culture importante. Autour de 950 seulement 50% des gens étaient musulmans, les autres n’avaient aucune raison d’apprendre l’arabe. Les Iraniens ont ensuite été converti par les Soufis beaucoup plus que par les musulmans formels.

Dans une bibliothèque écrite en lettres arabes au moins la moitié des livres sont en persan. Mais actuellement 30% du vocabulaire persan a une origine arabe.

Dans les régions arabophones, les langues d’avant ont joué un rôle important. Au proche orient le grec qui a cessé d’être une langue de culture au XI°  était très utilisé par les Melkites. Le Syriaque n’a jamais cessé d’être utilisé par une large proportion de la population non seulement dans le domaine religieu mais aussi dans le domaine profane jusqu’au XIII°ème siècle. Apres elle reste comme langue liturgique. Cependant des dialectes araméens subsistent encore et sont en voie de disparition. En Egypte, le copte, forme qu’avait prise l’égyptien pharaonique en alphabet grec, est resté une langue productive jusqu’au 12ème siècle. Le copte avait commencé à céder à l’Arabe dès le 9ème siècle. L’influence du copte sur l’arabe est faible. Mais l’influence du grec est très importante dans la vie intellectuelle ; il en est de même de l’influence du syriaque. Au moment de l’inculturation de l’arabe, le travail de traduction a été fait par des chrétiens qui connaissaient le grec et le syrien.

4.1.4       La figure du savant

La figure du savant dans le monde arabe est prestigieuse ( le ‘âlim : l’enturbanné ! pluriel ‘ulamâ’ : les oulémas… )

Il y a beaucoup de traités scientifiques dans la littérature arabe.

La pluspart des traités scientifique ou de vulgarisation ont une préface qui fait de l’éloge de l’intelligence et de la raison. Ce prestige du savant a deux versants : un versan religieux les ‘ulamâ les enturbannés sont des savants religieux, des spécialistes de la loi. Il y a un propos attribué à Mahommet « recherchez la science, fusse en Chine » (la science :’ilm) il s’agit de la science religieuse ; mais on le comprend souvent comme une incitation à étudier la science.

La figure du savant a aussi l’aspect profane : elle évoque un savoir encyclopédique ; elle est liée à celle du « hakim » le sage (sagesse = hikma) . Le sage, le philosophe au sens technique, qui connaît Aristote et Platon c’est le jaylasûf, qui connaît la logique (Farabi, Avicenne, Averroes). Déjà du temps de Galien (130-201) ce qui couronne le cursus des études scientifiques c’est la médecine.  Dans les deux cas : philosophie ou médecine, les études ont été tributaires des traductions des traités scientifiques grecs qui ont été faites à partir de la deuxième moitié du 8ème siècle par des Chrétiens.

4.1.5       Evolution de la langue classique

L’arabe qui était une langue de poésie a commencé à être une langue de culture générale, on y a introduit la prose. Pour les théologies chrétiennes ou musulmane au 8ème siècle on a du créer du vocabulaire. La langue bédouine a du ainsi s’assouplir. Les sciences ont donné du vocabulaire. Au moment de l’apogée des Abassides : Al Rachid (786-809) et Al Mamoun (813-833) les califes se sont intéressé à la vie culturelle et ont patronné la vaste entreprise de traduction des sciences grecs en langue arabe. Mamoun a créé la « maison de la sagesse » à Bagdad où il y avait une grande bibliothèque et où il avait appointé des savants pour traduire en arabe tout ce qui était disponible de textes scientifiques ou philosophiques grecs. Le principal traducteur a été un chrétien nestorien Hunayn ibn Ishâq  (808-873 né à Hira)  et sa famille : son fils et son neuveu qui ont fait un immense travail, remarquable par la précision et l’élégance. Il était arabisant de culture syriaque et était allé apprendre le grec dans l’empire bysantin.

4.1.6       Harran et les néo-platoniciens

Il y avait un centre de culture grec à Harrân place forte et ville frontière entre l’Anatolie et la Mésopotamie ; il y avait là une académie de savants grecs payens qui a subsisté jusque vers 1070 où elle a été détruite par les Turcs. Les païens de Harrân s’appelaient les Sabéens (Sâbi). Il y avait un temple païen dédié à la lune. Lorsque Justinien vers 530 a chassé les derniers philosophes néo-platoniciens d’Athènes ils se réfugièrent d’abord à la cour de Perse puis allèrent à Harrân. L’élite était de culture grecque avec une religion néo-platonicienne. Les Sabéens se faisaient passer pour des disciples d’Hermès (Enock – Idris) et par-là se rattachaient à la Bible pour se faire accepter par les musulmans. Les Sabéens sont mentionnés dans le Coran, les Mandéens se réclament des Sabéens pour le même motif. (cf. Michel Tardieu)

La littérature et la langue arabe sont grandement tributaires des non-musulmans chrétiens, sabéens et juifs.

4.2        Evolution de la littérature arabe

L’écriture de l’arabe a existé bien avant l’Islam. Il existe des inscriptions antéislamiques dans des écritures araméennes dont la nabatéennes. On a trouvé une inscription à Namara relative au roi arabe de Namâra : Imru l-Qays : roi de la totalité des arabes(+318).  Il y a une longue inscription en langue arabe dans une écriture nabatéenne. De même on trouve des inscriptions arabes en écriture sud-arabique qui peuvent remonter d’avant l’ère chrétienne. A partir des 5ème et 6ème siècle il y a des inscriptions dans l’écriture arabe d’aujourd’hui ; ces inscriptions sont toutes chrétiennes.  Au martyrium de saint Serge à Zebed au sud-est d’Alep une inscription date de 512 c’est une inscription trilingue grec syriaque et arabe. Toutes ces inscriptions sont des textes courts qui ne sont pas vocalisés il y a même des voyelles longues manquantes ; il n’est pas possible de décider si c’est de la foushrâ dans ces conditions.

4.2.1       Origine de l’écriture arabe

Il y a deux théories sur l’origine de l’écriture arabe. Soit nabatéenne soit syriaque.

 Provenance nabatéenne ? Quand on compare les formes on trouve vraiment trop de différences : dans l’écriture nabatéenne les lettres sont suspendues à une ligne et sont sans ligature ; l’allure générale n’a rien à voir avec l’écriture arabe.

 Provenance du syriaque ? A Zabad on voit bien que c’est l’écriture syriaque qui est la plus proche même si certaines formes n’ont pas d’explication. On ne connaît pas toutes les variantes qui pouvaient exister à l’époque.

4.2.2       La théorisation de la langue arabe classique

Le seul monument d’arabe en prose de cette époque c’est le Coran. La langue arabe classique a été codifiée par des arabes musulmans à partir du Coran ; mais ils ont éliminé tout ce qui s’écartait trop de la moyenne dans le texte du Coran (archaïsme, bizarrerie..), et ils se sont appuyés par ailleurs sur l’ancienne poésie préislamique qui avait survécu à leur époque. En raisonnant par analogie ils ont créé une grammaire rigoureuse. Ce processus de fixation de l’écriture, de la grammaire et de l’orthographe arabe a pris fin au 10ème siècle.

Après le Coran, les textes en langue arabe se trouvent le domaine des sciences religieuses dans les milieux musulmans et les milieux chrétiens. Chez les musulmans la collecte des propos du prophète Muhammad d’abord chez les chiites puis chez les sunnites. La première biographie a été faite dans le prolongement des Hadith selon le procédé d’authenticité des propos rapportés. A partir du 8ème siècle se développent aussi bien chez les chrétiens que chez les musulmans la théologie en langue arabe.

4.2.3       Le Kalâm  -  Mal^k  -

Chez les musulmans cette théologie est appelée le Kalâm (discours)(voir dic. Sourdel p452). Le kalâm est un discours sur la foi, argumenté et dialectique souvent apologétique. Ce kalâm a pris naissance par le contacte avec les chrétiens en Syrie.  Saint Jean Damascène a fait des petits traités sur les discussions entre chrétiens et musulmans. Les sources arabes du kalâm et les sujets traités par Jean de Damas correspondent : divinité du christ, libre arbitre, la liberté, les attributs divins (liés à la christologie christ parole de Dieu). A partir de la fin du 8ème siècle et surtout au 9ème on a des traités en langue arabe toute une série de traité. On trouve aussi des œuvres en arabes de traités chrétiens.

4.2.4       Les traités chrétiens en langue arabes

En Palestine il y avait des moines arabophones. Un psautier conservé en Russie contient des psaumes des vespres. Il est trilingue : Grec, syriaque, arabe. Il daterait d’avant le 9ème siècle. Il est certain qu’au 8ème à Saint Sabas, l’arabe était utilisé dans la liturgie. D’autre part l’histoire de la littérature arabe comporte le premier grand théologien de langue arabe : Théodore Abû Qurra (765-830) évêque d’Harran avant d’être démis de son poste par le patriarche d’Antioche qui le trouvait trop combatif, vers 820 il écrivit en arabe, un traité sur la vénération des icônes. On possède de lui des ouvrages en grec.  Il n’y a pas de traduction en français de  ce traité (en préparation par M. LeBastard)

4.2.5       La littérature arabe au sens des belles lettres

La littérature arabe au sens des belles lettres profanes prend naissance à partir de traduction du monde iranien.

4.2.5.1     Ibn al-Muqaffa’

Le fondateur de la prose littéraire arabe est un iranien d’origine mazdéenne : Ruzbèh connu sous le nom d’Ibn al-Muqaffa’ « le fils de l’homme à la main recroquevillé » (son père collecteur d’impôts avait fait quelques malversations eut la main brûlée en punition). Il fut introduit dans la haute administration au moment du coup d’état qui mit au pouvoir les Abbassides. Il fut accusé d’hérésie sa conversion étant due à des raisons sociales et fut mis à mort vers 754. C’était un homme très cultivé, connaissant sa propre culture en moyen perse, il traduit en arabe des recueils de maximes éthiques et politiques et des maximes touchant à la bienséance, à la politesse. Il traduit en arabe un recueil de contes indiens Kalîla et Dimna, recueil de fables animalières ; les deux chacals en sont les héros principaux. Le livre de Bidpaï en sanscrit est traduit en français sous le nom de Pantcha Tantra (Impr.nationale 1995). Ce livre avait été adapté en pehlevi par Bartzouyeh pour l’empereur Kosroès Noushirvan au début 6ème siècle. Ibn al-Muqaffa’ le traduit en arabe en l’adaptant et en ajoutant des épisodes. Ce livre est à comparer au « Miroir aux princes » Instruire sans ennuyer. 

4.2.5.2     L’Adab  -  B^dä  -

Ce sont des recueils de l’Adab. (voir ce mot dans l’E.I.) Adab = bonnes manières, politesse qui suppose l’apprentissage et la correction (addaba=éduquer, corriger. II : ^B^&dä ) et le résultat : La politesse et la culture générale à base de belles lettres ; culture de l’honnête homme. La littérature arabe profane incluant un peu de religiosité commune à toutes les religions monothéistes. Cette culture est à base littéraire mais contient des connaissances géographiques et autre. La littérature arabe profane est à base d’Adab. L’Adab suppose aussi la connaissance de la poésie. La prose d’Adab veut instruire en distrayant, sans ennuyer. Elle est l’empire de l’anecdote : récit court ayant un trait d’étique. A la grande époque de la littérature classique dans l’empire Abbasside aux 8ème 9ème 10ème 11ème siècle c’est une littérature destinée à ceux qui pouvaient en profiter immédiatement, en particulier les fonctionnaires de toute catégorie, fonctionnaires distingués, nombreux à Bagdad et dans les grandes villes de l’empire. Cette littérature n’est pas à proprement parlé technique même si  de

4.2.5.3     La poésie  -  r°<ic  -

La poésie arabe ancienne est une poésie bédouine avec ses règles, son code d’honneur, ses images tirées de la nature : animaux, désert. Ce genre bédouin passe difficilement en français. La poésie reprend ces images par imitation. Ce qui fait le charme de la poésie arabe bien plus que le contenu c’est la forme, les mètres et les rimes ; cela charme  l’oreille ; les règles sont très rigoureuses. Il y a eu, au moment de l’apogée des Abbassides, une poésie moderniste. Les poètes étaient liés pour la plus-part à la vie de cour. Les traductions en français sont peu nombreuses mais elles sont intéressantes par leur contenu.  On peu citer Abû Nuwâs, Bassâr b. Burd qui sont des provocateurs. Ils cherchent à s’évader du cadre habituel pour exprimer des pensées et des sentiments plus personnels. Les thèmes sont les panégyriques, la louange des princes, la poésie lyrique, la poésie bachique, érotique ou amoureuse, la satire. Le sentiment de la nature est exprimé dans la poésie bédouine. Un des grands poètes classiques connu pour ses satires est Al-Akhtal (v610-710) chrétien jacobite de comportement épicurien, il se promenait à la cour de Damas avec une croix en or. (voir que sais-je La littérature arabe p. 35). Au 10ème  siècle Mutanabbi’ (915-965) qui se prétendait prophète et disait que ses vers valaient mieux que le Coran ; sa poésie est très satirique et très virtuose. 

4.2.5.4     La prose  -  °r^*^n  -

La prose comme la poésie a été de pair avec l’innovation intellectuelle. Sur le plan politique, on peu parler d’une apogée sous les dix premiers califes puis une décadence. Mais sur le plan intellectuel, le développement de la littérature s’est poursuivi. La culture d’expression arabe est restée brillante sous les Bouyyids (945-1055). Sous les Turcs la réaction sunnite rigoriste entraîne une lutte contre tout ce qui est déviant et contre les originalités. Cela a contribué à un tassement et à l’entré dans une routine contrôlée par les autorités sunnites tatillonne qui avait avec elle l’autorité politique. A la fin de la période Bouyide (1055) le monde arabe a eu l’impression d’être arrivé à un sommet de connaissance sur le plan intellectuel et qu’il n’y avait plus rien à découvrir. On avait intégré tout ce que le monde avait de bon et de beau et toutes les connaissances existants de l’héritage grec, iranien et indien. Il n’y avait plus rien à découvrir. Cela amenait à une certaine autosatisfaction et à un affaiblissement de l’esprit de recherche. Il y  a quand même quelques œuvres de valeur mais l’esprit n’y est plus. C’est un âge d’encyclopédie : on classe, on range, on glose et on commante. Au 13ème siècle est édité une sorte de Littré de la langue arabe. Il y a quelques grands auteurs, surtout en Egypte. La domination ottomane prolonge cet état de fait et c’est la rencontre avec l’occident qui va conduire à une prise de conscience. Les chrétiens arabes grâce à leurs relations avec l’occident comprennent la nécessité du renouveau. Au 19ème siècle la renaissance arabe, la Nahda apporte de grands bouleversements.

 


 

TABLE DES MATIERES

1      Introduction. 1

1.1        Structure du cours. 1

1.2        Les Sources. 1

2      Situation du cadre événemental 1

2.1        Situation au sixième siècle avant l’arrivée de Mahomet 1

2.1.1      Les grandes puissances :  Romains et Perses. 1

2.1.1.1        L’empire sassanide. 2

2.1.1.2        La religion dans l’empire sassanide : le Zoroastrisme ou Mazdéïsme. 2

2.1.1.3        Christianisation. 2

2.2        Septième siècle. 2

2.2.1      Conquêtes de Chosroès  -  réplique d’Héraclius. 3

2.2.2      Menaces arabes. 3

2.2.3      Les états tampons. 3

2.2.4      En Arabie centrale - Muhammad. 4

2.2.4.1        Les religions en Arabie du VII siècle. 4

2.2.4.2        La prédication de Muhammad. 4

2.2.4.3        L’égire. 5

2.3        Epoque islamique. 5

2.3.1      Attaques contre l’Empire romain. 5

2.3.2      Attaques contre la Perse. 6

2.3.2.1        Dernier empereur de Perse. 6

2.3.2.2        Pénétration des Arabes en Perse. 6

2.4        Installation du pouvoir arabe. 6

2.4.1      Maintien de l’unité de l’empire. 6

2.4.1.1        Sous les califes de Médine. 7

2.4.1.2        La fin d’Ali 7

2.5        Les Omeyyades – Califes de Damas. 7

2.5.1      Le pouvoir omeyyade. 8

2.5.2      Les courants d’idées sous les Omeyyades. 8

2.5.2.1        Mazdéisme. 8

2.5.2.2        Manichéisme. 9

2.5.2.3        Débat avec les chrétiens. 9

2.5.3      L’Iconoclasme. 9

2.5.4      Déclin des Omeyyades. 9

2.5.5      La fin des Omeyyades. 9

2.6        Les Abbasides  -  Bagdad. 9

2.6.1      Le pouvoir abbasside. 9

2.6.2      Fondation de Bagdad 762 – la cité ronde d’al-Mansour 10

2.6.3      Le calife abbasside. 10

2.6.4      Histoire des Abbassides. 10

2.6.4.1        Périodisation. 11

2.6.4.2        Situation en 750. 11

2.6.5      Emancipation des territoires éloignés de Bagdad. 11

2.6.5.1        Emancipation à la fin du neuvième siècle. 11

2.6.5.2        Emancipation au dixième siècle – Contrôle des Buwayides. 11

2.6.5.3        Invasions des turcs au onzième siècle – les Seldjoukides. 12

2.6.5.4        Réveil des Abbassides au douzième siècle. 12

2.7        Développement intellectuel sous les Abbassides. 12

2.7.1      Apogée du califat abbasside. 12

2.7.1.1        La fonction de calife. 12

2.7.1.2        Mise en place de l’administration. 13

2.7.1.3        Evolution politique générale sous les califes Abbassides. 14

3      Les divisions dans l’islam.. 17

3.1        Les Sunnites. 17

3.1.1      Dissidences dans le sunnisme : 17

3.2        Les Harigites ou Ibadites. 17

3.3        Les Chiites. 18

3.3.1      Les Zaydites. 18

3.3.2      Les Imamites ou Duodécimains. 18

3.3.3      Le Chiisme « extrémiste » öaluè  . 18

3.3.3.1        Alawites - Nusayri   &Yir°yxun. 19

3.3.3.2        Alevi – Chiisme anatolien. 19

3.3.3.3        Ismaéliens - Septimains. 19

3.3.3.4        Les Druzes. 20

3.3.4      Le chiisme duodécimain  (80% des chiites) 20

3.3.4.1        Le douzième imam. Al-Mahdi   -  &Yidh^m - 21

3.3.4.2        Ismaël 1er fondateur des Séféwides (règne de 1501 à 1524) 22

4      Evolution intellectuelle et culturelle du monde arabe. 23

4.1        Les instruments linguistiques. 23

4.1.1      la Foushrâ   -  @^j°xuf Ö°<ul  - 23

4.1.2      Les dialectes. 23

4.1.3      Les formes de la Foushrâ. 24

4.1.4      La figure du savant 24

4.1.5      Evolution de la langue classique. 25

4.1.6      Harran et les néo-platoniciens. 25

4.2        Evolution de la littérature arabe. 25

4.2.1      Origine de l’écriture arabe. 26

4.2.2      La théorisation de la langue arabe classique. 26

4.2.3      Le Kalâm  -  Mal^k  - 26

4.2.4      Les traités chrétiens en langue arabes. 26

4.2.5      La littérature arabe au sens des belles lettres. 27

4.2.5.1        Ibn al-Muqaffa’ 27

4.2.5.2        L’Adab  -  B^dä  - 27

4.2.5.3        La poésie  -  r°<ic  - 27

4.2.5.4        La prose  -  °r^*^n  - 28