Irruption du pathétique dans l'art au XIIème siècle
On voit apparaitre au XIIème siècle de nouveaux sujets tant dans l'iconographie du Christ que dans celle de la Trinité.
S'agissant de l'iconographie du Christ on constate un soulignement jusqu'alors inédit de la souffrance du Christ en sa Passion. C'est pour ainsi dire l'acte de naissance du pathétique dans l'art chrétien - et ici, c'est l'Orient qui est pionnier.
Le
"thrène", tel est le terme consacré d'origine grecque (epitaphios thrènos, mot à mot "la plainte sur la tombe") pour désigner la déploration du Christ par la Vierge et saint Jean, que cette manifestation de deuil soit située avant la mise au tombeau (c'est le thrène proprement dit ) ou durant l'acheminement du corps du Christ vers le tombeau, ou encore au moment même de la mise au tombeau.
Le thème du thrène remonte à un apocryphe, les
Actes de Pilate, encore appelé
Evangile de Nicodème. Il connait un premier développement après 843 chez les auteurs byzantins comme Georges de Nicomédie et Syméon Métaphraste, puis un grand écho en Occident grâce au
Tractatus de lamentatione Virginis longtemps attribué à saint Bernard.
Dans l'art, ce thème est un développement de celui de la mise au tombeau. Il apparaît dès le XIème siècle sur des ivoires et, semble-t-il dans l'art monumental, en 1164, dans les peintures murales de l'église Saint-Pantéléimon de Nérézi en Macédoine.
(François Boespflug : Dieu et ses images Une histoire de l'Eternel dans l'art. page 140)
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